Les images d’expulsion de campements Roms par la police sont devenues une habitude en France. Sur tout le territoire français, on recense près de 400 bidonvilles dans lesquels s’entassent les Roms d’origine bulgare, hongroise et surtout roumaine. Au total, les Roms seraient actuellement moins de 20 000 en France. Pourtant cela fait des mois que les Roms défraient la chronique…
Pas une semaine sans qu’on n’annonce l’évacuation d’un nouveau camp, pas un jour sans que l’on ne dénonce la délinquance galopante de cette population qui excède les Français. Certains vont même jusqu'à qu’à parler d’overdose alors que les médias et les politiques se déchaînent et alimentent la polémique. Au point que la problématique est aujourd’hui au coeur de la politique française. Pourtant et contrairement à une idée reçue, il n’y a pas plus de Roms aujourd’hui en France qu’il y a 10 ans. Alors pourquoi posent-ils autant de problème en 2013 ? Qui sont-ils ? De quoi vivent-ils et pourquoi viennent-ils en France ?
Pour le savoir, nous nous sommes rendus en Roumanie, leur pays d’origine, où la population Rom est estimée à un million. Ils sont souvent considérés comme des citoyens de seconde zone, vivant à l’écart, dans des quartiers aux conditions de vie extrêmement précaires. Ici, pas de travail, aucune source de revenus - si ce n’est l’aide sociale qui plafonne à une trentaine d’euros par mois et par famille. Mais pour d’autres Roms, la réalité est bien différente. Maisons confortables, téléphones dernier cri... Ils ont réussi à atteindre ce niveau de vie, en vivant en France, leur nouvel Eldorado. Mais d’où provient cet argent ?
Les premiers à pâtir de la mauvaise réputation des Roms, ce sont les gens du voyage. Beaucoup les assimilent alors qu’ils n’ont rien en commun. Entre 400 000 et 500 000, les gens du voyage sont Français depuis des générations. Ils sont artisans, forains, vendeurs sur les marchés, ou font du porte à porte pour proposer leurs services. Eux aussi ont mauvaise presse, surtout l’été quand, par groupes de centaines de caravanes, ils envahissent illégalement les terrains de foot ou les parcs privés.
Face à eux, certains maires démissionnent, d’autres vont jusqu'à éditer des modes d’emploi censés les mater. Parfois, ce sont les riverains eux-mêmes qui se chargent de les déloger, souvent de façon brutale. Alors forcément la tension entre sédentaires et voyageurs est extrême.
Pourtant, une loi existe : la loi Besson fixe les obligations des communes et départements pour les accueillir sur des terrains. Le problème, c’est qu’elle n’est pas respectée par les autorités… Face à ces difficultés pour s’installer, beaucoup ont fait le choix de poser leur caravane une bonne partie de l’année sur un terrain où d’arrêter de voyager une bonne fois pour toute. Ils se sédentarisent. Et là aussi leurs méthodes posent problème. Les gens du voyage achètent des terrains non constructibles pour ériger leurs résidences, en toute illégalité, sans permis de construire. Un phénomène qui s’amplifie.
Roms et gens du voyage : pendant plusieurs semaines nous les avons suivis dans leur quotidien. Plongée au coeur de la culture tsigane, une culture méconnue mais qui fascine, intrigue et surtout dérange.
