Grand Public change de formule à la rentrée. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Il s’agit de faire découvrir une œuvre, un personnage, un événement en trois minutes, avec toujours cette volonté, chère à l’émission, de transmission culturelle : c’est au téléspectateur de s’approprier ce qu’on lui propose. Au fond, cette nouvelle formule reprend le principe de notre rubrique « Culte », autrement dit un coup de projecteur ludique, dynamique et distrayant sur un « objet » culturel marquant et incontournable.
Un exemple, pour votre première émission de l’année ?
2015 sera l’année Marcel Pagnol, puisque nous y fêterons le cent-vingtième anniversaire de sa naissance. Un anniversaire qui correspond également aux débuts du cinéma. Notre première émission s’intéressera donc logiquement aux rapports entre l’écrivain et le septième art. Nous commencerons par donner la parole au grand public, à travers un micro-trottoir franchement étonnant (je n’en dis pas plus…), avant de recevoir le petit-fils de Marcel Pagnol. Cette émission, je l’espère, donnera à tout le monde l’envie de relire ses livres et de revoir les films qu’il a réalisés tout comme ceux qu’il a inspirés. La Femme du boulanger, Marius, Fanny, César, Manon des sources : autant d’œuvres cultes, qui font partie de notre patrimoine.
Autre changement notable, Grand Public est désormais diffusé le vendredi soir à 20:45…
Oui, juste avant le week-end (histoire de donner quelques idées et envies de sorties aux téléspectateurs) et juste après le journal de Laurent Delahousse, dont les invités appartiennent souvent au monde de la culture. Car, ne l’oublions pas, l’émission s’inscrit dans l’offre culturelle globale de France 2.
Malgré tous ces changements, Grand Public reste grand public…
Oui, il était important de conserver ce titre, qui correspond si bien à la vocation de l’émission. Grand Public change, évolue, mute, certes, mais reste « grand public » ! Au lancement de l’émission en 2012, on nous regardait avec un drôle d’air : « Qu’est-ce que c’est que cette émission de reportages culturels ? ». Et puis, très vite, la critique nous a suivis et les artistes nous ont fait confiance. En deux saisons et demi, nous avons couvert un large panel de sujets et reçu un grand nombre de personnalités, aussi bien françaises qu’internationales. Si l’audience n’a pas toujours été au rendez-vous et si – cause ou conséquence ? – nous avons dû changer plusieurs fois de formats et d’horaires, il n’en demeure pas moins que le public a toujours reconnu la valeur et la qualité de l’émission. Aujourd’hui, nous continuons à nous adapter aux habitudes des téléspectateurs. Plus courte que la précédente formule, la version 2015 de Grand Public est surtout, avec ce nouvel horaire, plus exposée, de façon à trouver davantage son public et à toucher le plus de monde possible.
Comment expliquez-vous ce plébiscite ?
Grand Public a su relever le défi d’une émission culturelle sans élitisme, sans chapelle, qui puisse rendre la culture accessible à tous. Et maintenant, en trois minutes, vous allez en apprendre de belles, sans prise de tête !
Que retenez-vous de ces deux saisons et demi de Grand Public ?
De très très beaux souvenirs – et, à titre tout à fait personnel, le bonheur d’avoir interviewé Robert Redford ! Dans ma carrière, Grand Public représente une expérience unique, riche et… souvent très émouvante. J’ai été en effet étonnée par ce que les artistes livrent d’eux-mêmes en interview. On a encore tendance à croire qu’ils se contentent de passer à la télévision pour faire la promotion de leur disque, livre, film, etc. En réalité, il y a chez eux une volonté de transmettre leur passion. Et, pour peu qu’on leur offre la possibilité de s’exprimer sur leur art (en cela, Grand Public représente un bel écrin), ils se dévoilent avec sincérité et humilité. Un exemple parmi tant d’autres : je n’oublierai jamais la fragilité de Patrick Bruel parlant de sa soif de reconnaissance comme d’une façon de conjurer sa peur, enfant, d’être abandonné par son père…
Propos recueillis par Cyrille Latour, France 2