harry.roselmack_sept_a_huit02Parmi les reportages au sommaire du magazine “Sept à Huit” du dimanche 9 octobre, un document exclusif, le portrait d'une prostituée chinoise à Paris. Lina était, en Chine, une mère de famille respectable, patronne d'un salon de coiffure. En France, elle arpente chaque jour les boulevards du 10ème arrondissement parisien. Pour vendre son corps...

Lina est une des 700 à 1000 prostituées chinoises échouées sur le bitume de la capitale. La police les a surnommées « les Marcheuses ». Parce qu'elles parcourent les rues discrètement, l'air de se promener. Presque invisibles, ces Chinoises ne sont pas toutes jeunes : entre 40 et 50 ans. Elles représentent aujourd'hui la première nationalité sur le trottoir.

Une réalité mal connue, difficile à approcher. Il a fallu des semaines à Elodie Pakosz pour qu'une de ces « marcheuses » lui accorde sa confiance. Lina, 48 ans, a accepté de lui livrer les clés de son univers : les clients parfois violents, le mépris des autres communautés chinoises intégrées, les parties de Mah-jong entre prostituées, pour oublier la réalité de ce gagne-pain qui lui fait honte.

Pour comprendre vraiment son histoire, “Sept à Huit” s'est aussi rendu en Chine. Dans la région d'origine de toutes les prostituées : le nord-est, le Dong Bei, l'ancienne Mandchourie. Le Dong Bei, l'anti Shanghai, la face B du miracle économique... une région sinistrée où le taux de chômage atteint 70%. Nous y avons rencontré les parents, son ex mari mais aussi le passeur de Lina, qui l'a fait entrer en Europe moyennant 7500 euros. Tous les proches de Lina semblent ignorer le travail qu'elle fait en France. En tous cas, ils ne veulent pas savoir. Mais c'est pour eux, pour pouvoir leur envoyer de l'argent, que Lina sacrifie aujourd'hui sa vertu et qu'elle s'est imposé ce douloureux exil.