Michel Cymes nous proposera un voyage dans le temps pour découvrir les théories, les batailles, les expériences folles des pionniers qui se sont succédés pour aboutir à la connaissance et au remplacement du plus symbolique des organes de l’homme.
Avec lui, nous suivrons, au plus près, le cheminement d’un coeur, du donneur au receveur, et sa transplantation au bloc opératoire de l’Hôpital de la Pitié-Salpetrière. Nous rencontrerons également les familles de ceux qui ont donné, ceux qui ont reçu, et tous les acteurs de ces prouesses médicales chaque fois renouvelées.
Aventures de médecine plonge le téléspectateur dans les coulisses de l’Histoire de ces révolutions médicales, dans les blocs opératoires d’aujourd’hui, dans les laboratoires des pionniers de la science et - grâce à des images de synthèse inédites - dans l’intimité du corps humain.
Michel Cymes nous guide dans ces voyages dans le temps, nous raconte ces aventures bouleversantes, à la fois scientifiques et humaines.
On connaît Michel Cymes taquin et parfois même cabotin. Mais le chirurgien ORL sait aussi être très sérieux, didactique et en l’occurrence palpitant. Dans ce deuxième volet* des Aventures de médecine, il nous emmène au bloc pour nous dévoiler les secrets du cœur et de la transplantation cardiaque.
Après un premier volet des Aventures de médecine sur la chirurgie faciale, vous avez choisi d’explorer un de nos organes vitaux majeurs, le cœur. Pourquoi ce choix ? Le cœur est l’organe mythique et symbolique par excellence. Il représente la vie et l’amour. Personne ne peut imaginer une seconde vivre sans cœur, et pourtant on voit dans le documentaire un homme toujours vivant mais avec un gros trou dans la poitrine. On touche ici au sacré, à quelque chose de mystique, à la négation de la vie. Plusieurs reportages expliquent les grandes avancées historiques de la recherche en cardiologie, et en fil rouge je suis sur le terrain, aux côtés des médecins et de deux malades en attente d’une transplantation cardiaque. Qu’est-ce qui vous fascine ? Existe-il encore de ces aventuriers de nos jours ? Est-ce que le fait d’être médecin vous a aidé ? Qu’avez-vous appris en travaillant sur ce documentaire ? Quels sont les moments les plus forts que vous ayez vécus sur ce tournage ? On ressent une urgence extrême dans ces moments-là… Propos recueillis par Diane Ermel, France 2 * Le premier volet d’Aventures de médecine, consacré à la chirurgie faciale, a séduit le public au point d’être élu troisième programme préféré de 2012 toutes chaînes confondues (sondage réalisé par Le Parisien). * Christiaan Neethling Barnard (1922-2001) était un chirurgien cardiaque sud-africain, qui devint célèbre pour avoir réussi la première transplantation cardiaque en 1967. * La technique de la triangulation consiste à ouvrir une artère en triangle pour mieux la suturer.
L’histoire de la médecine me passionne. Je suis fasciné par ces pionniers, ces fous, ces apprentis sorciers qui se sont lancés dans des domaines totalement inimaginables pour leur époque et qui ont fait avancer les techniques et ouvert le champ des possibles. Ces aventuriers nous permettent aujourd’hui d’envisager une opération, presque sereinement. Alors qu’il fût un temps où on trouvait normal qu’une intervention ne se passe pas bien. La chirurgie cardiaque est devenu un traitement ; or, pour en arriver là, il a fallu que des médecins aient le courage de toucher au cœur, à la vie même.
Aujourd’hui, on arrive encore à innover mais dans un cadre juridique et déontologique très strict. Ces questions ne se posaient pas toujours selon l’époque ou le lieu où l’on pratiquait. Christiaan Barnard* a pu se permettre de tenter la transplantation cardiaque en Afrique du Sud alors que Norman Shumway, auprès duquel il avait travaillé, en a été empêché par l’éthique américaine. Très récemment, en décembre dernier, le professeur Alain Carpentier a transplanté un cœur artificiel sur un patient. Mais il a fallu au moins une dizaine d’années pour mettre au point cette technique et encore de nombreuses années pour avoir l’autorisation de la tester sur un humain.
Incontestablement ! Ça m’ouvre des portes, ça rassure les équipes médicales avec lesquelles on tourne. Je ne crois pas qu’on ait déjà vu un présentateur avec caméra et toute la technique admis au bloc et pouvant se pencher sur le champ opératoire tout en s’entretenant avec le chirurgien en pleine action. Je peux aussi commenter l’opération en même temps qu’elle se déroule, ce qu’un présentateur-animateur non médecin ne pourrait pas faire.
Enormément ! Non seulement en travaillant à sa préparation et pendant le tournage mais également en regardant les reportages ramenés par nos journalistes. Par exemple, j’ai découvert la technique de la triangulation* dont on fait la démonstration avec le conseiller scientifique du documentaire, le professeur Jean-Noël Fabiani.
Au bloc, lorsque pour la première fois de ma vie, j’ai tenu un cœur humain vivant entre mes mains. Je n’avais jamais vu un cœur battre hors d’un organisme. Ni un corps alimenté par une circulation extracorporelle. Avec mon équipe, nous étions scotchés. Même le chirurgien s’émerveillait que son patient continue à vivre sans cœur. J’ai été marqué aussi par le voyage, avec le professeur Cosimo d’Alessandro, lorsque nous sommes partis chercher un cœur pour Joël.
Oui, parce que ces médecins, ces chirurgiens, chacun dans leur domaine, ont un patient à sauver. Parfois à l’autre bout de la France, parfois en pleine nuit et ils doivent agir le plus vite possible. La tension est telle que ces hommes et ces femmes, tout chirurgiens qu’ils sont, craquent quelquefois. Ils ont toujours à l’esprit que, dans une salle d’opération, quelqu’un attend cet organe, ce cœur pour continuer à vivre.