Comment est née l’idée de ce film ?
C’est pour présenter tous les aspects du répertoire, de la personnalité de Nana, que j’ai voulu ce documentaire, pour mettre fin à un malentendu en quelque sorte. En effet, en France, beaucoup de gens pensent que Nana Mouskouri c’est Le Tournesol, L’Enfant au tambour et un ou deux autres titres, alors qu’elle sait chanter mille autres choses, comme l’Ave Maria, du classique, du jazz et d’autres registres encore. C’est l’artiste la plus complète que je connaisse. Nous nous sommes battus pendant trois ans pour monter ce film. Mais, j’y tenais, je n’ai pas lâché ! Nana est une star internationale exceptionnelle, qui a vendu autant de disques que Michael Jackson… et qui ne sait pas qu’elle est une star ! Elle est d’une simplicité, d’une générosité incroyable. Cela me touche beaucoup.
Comment présenteriez-vous Nana Mouskouri ?
Nana Mouskouri personnifie la Grèce, pays pour lequel j’ai une passion. Cet amour de la Grèce nous lie. Elle est une déesse, chante merveilleusement les amours d’Orphée et d’Eurydice, la mythologie grecque. Très jeune, elle a eu la chance de travailler avec Mànos Chatzidakis et Nikos Gàtsos. Ils lui ont composé et écrit de magnifiques chansons. Ils ont trouvé sa voix pour exprimer leur génie, leur talent. Ils avaient compris ce qu’était la tradition grecque, et créé des chansons qui parlent à tout le monde, du plus humble au plus riche. Ces chansons ont une portée phénoménale, elles m’envoûtent.
Qu’est-ce qui vous a le plus touché dans cette histoire ?
Nous avons parlé de tout, de la Grèce, de sa carrière, et aussi de choses difficiles. Car je voulais faire comprendre quelque chose au travers de ce film : quand on part de rien ou avec des blessures – un handicap, une disgrâce physique, une famille ou une enfance douloureuse –, on peut y arriver à force de volonté. Il faut y croire et avoir un talent, comme cette voix exceptionnelle pour Nana. Il y a donc ici un message de portée universelle. C’est le chant qui lui a donné confiance en elle, qui l’a rendue belle, magnifique. Je me souviendrai toute ma vie du concert Herodes Atticus 2008 : au moment où Nana entre sur scène, le vent dans sa robe, et que sa voix cristalline part… elle a 20 ans !
Propos recueillis par Françoise Payen