
Marine Le Penréfute toute appartenance à l’extrême droite. Elle se dit volontiers populiste. Et un peu partout en Europe et aux Etats-Unis c’est cette droite dure, autoproclamée « populiste », qui gagne du terrain. Sa stratégie : gommer toutes les références nauséabondes du passé et cibler l’Islam comme l’ennemi public numéro 1.
Pour prendre le pouvoir, Marine Le Pen s’est constituée une base arrière : Hénin-Beaumont. Contrairement à son père, elle est convaincue que sa réussite au niveau national passe par une implantation locale. Elle a choisi une commune pauvre du Nord où le FN était déjà bien installé et la gauche décimée. Hénin-Beaumont est devenu le laboratoire mariniste. A coup de quadrillage quotidien du terrain et de combat sans répit de ce que les frontistes héninois appellent « la mafia socialiste », Marine Le Pen y est devenue une notable saluée sur les marchés. Ici la stratégie de dédiabolisation a atteint son stade ultime : celui de la normalisation.
La pierre angulaire de son plan pour accéder au second tour en 2012, c’est l’ouverture à des personnalités extérieures au FN. A l’aide d’un « think tank » dirigé par son compagnon Louis Aliot, elle a constitué une équipe d’experts. Des universitaires, des hauts fonctionnaires et des économistes qui doivent lui permettre d’élargir sa base électorale en bâtissant un programme qui dépasse l’idéologie classique du FN. Qui sont-ils ? Combien sont-ils ? Comment cohabitent-ils avec les cadres frontistes ?
La patronne du Front cherche à incarner un « FN light », mais certains de ses conseillers de l’ombre sont issus de l’extrême droite la plus radicale. Leur position ouvertement antisioniste contredit le rapprochement que Marine Le Pen tente d’opérer avec Israël et la communauté juive française…
Enquête sur ce nouveau Front National, parti contestataire qui se veut désormais parti de gouvernement.