“Rendez-vous en terre inconnue” : Mélissa Theuriau nous parle de son aventure

Mis en ligne par Jean-Marc VERDREL lundi 30 décembre 2013 10154
“Rendez-vous en terre inconnue” : Mélissa Theuriau nous parle de son aventure

Mélissa Theuriau s'est réjouie de l'aventure proposée avant même d'en connaître la destination. La journaliste a embarqué pour la Tanzanie où, au coeur de paysages à couper le souffle, elle a découvert un peuple aussi étonnant qu'attachant. A découvrir mardi 21 janvier 2014 à 20:45 sur France 2.

Comment avez-vous réagi lorsque Frédéric Lopez vous a proposé cette aventure ?
Je connais bien Frédéric. Nous avions parlé à plusieurs reprises d'une éventuelle participation, sur le ton de la plaisanterie d'abord, un peu plus sérieusement ensuite. Puis il m'a fait une proposition, au bon moment : je n'avais pas de tournage ni d'antenne, je n'ai donc pas hésité ! Grâce à lui, j'ai eu la chance de vivre une expérience unique. Je crains en effet que, dans le futur, des communautés comme celle que nous sommes allés rencontrer disparaissent peu à peu.

La vie des Maasaï semble physiquement rude, d'autant plus que le danger guette à chaque instant...
Au début de notre voyage, le quotidien m'a paru très éprouvant, empreint de nombreuses difficultés. Nous avons marché jusqu'à huit heures de suite sur des cailloux, par des températures supérieures à quarante degrés. Il est dur de suivre les Maasaï car ils sont très athlétiques ! Et puis, au bout de quelques jours, quelque chose bascule. La magie opère. On oublie alors tout ce qui peut gêner ou fatiguer. Il ne reste que la rencontre, la découverte... Grâce à ce voyage, j'ai compris ce que signifiait s'adapter, vivre avec presque rien : sans meubles, avec la même nourriture tous les jours ou presque. Nous pouvons nous satisfaire de choses très simples, auxquelles sont souvent liées des émotions très fortes. Chez nous, nous courons en permanence après le temps et le « toujours plus ». Chez les Maasaï, il n'y a pas de calendrier... ce qui en dit long !

Qu'est-ce qui vous a le plus touchée dans leur façon de vivre ?
La collectivité. Je trouve que c'est un mot qui a perdu tout son sens aujourd'hui chez nous. Évidemment, la famille a son importance. Mais là-bas, chez les Maasaï, tout est partagé et tout n'a de sens qu'à travers le partage. Cela m'a touchée à un point que l'on n'imagine pas. On ne mange que si l'on peut partager la récolte et que chacun peut avoir le ventre plein. On ne joue que si les autres jouent et on ne se repose que si chacun peut se reposer. Ce rapport à la solidarité, ce bonheur simple du partage, nous les avons perdus. Tout cela m'a aussi permis de voir la polygamie sous un autre angle. Pour cette population dont l'existence est souvent précaire, ce mode de vie est source d'équilibre et assure aussi une protection pour chacun.

Quelle est, selon vous, la grande force, la grande richesse des Maasaï ?
Le rapport à la terre, qui est l'essence même de notre monde. Les Maasaï ont compris qu'en la respectant, la terre était généreuse avec eux, et ils en sont heureux. Leur force, c'est aussi de ne pas vouloir être tentés par plus ! C'est ce qui m'a rendue admirative, c'est une vraie leçon de vie. Dire non et vouloir rester loin des villes en sachant qu'elles suscitent toujours de nouveaux besoins, des besoins que l'on n'a pas et dont on ne veut pas ! Les Maasaï anticipent très bien les mauvais côtés de la société de consommation ! Ils essaient de résister le plus longtemps possible. Malgré la vie de labeur que cela implique, ils ont la volonté de faire vivre et de transmettre leurs traditions.

La tradition apparaît en effet très présente et respectée. N'avez-vous cependant pas ressenti chez les Maasaï une volonté d'évoluer sur certains sujets ?
La culture du maïs que les Maasaï pratiquent sur des terres situées en altitude, à une journée de marche, montre que ceux-ci savent évoluer lorsque cela est dans leur intérêt, sans pour autant remettre en question leurs traditions ancestrales. De la même façon, ils sont nombreux aujourd'hui à considérer que l'éducation est importante et à souhaiter que leurs enfants étudient même si cela implique des sacrifices pour eux. Enfin, sur le sujet difficile de l'excision, Naningoy et Raelli ont réussi à vaincre leur pudeur pour me parler. Leur volonté est claire : elles veulent mettre un terme à cette pratique et feront tout leur possible pour y parvenir.

Quel est votre meilleur souvenir de ces deux semaines passées avec les Maasaï ?
Les meilleurs moments, les plus forts, sont ceux que j'ai partagés avec les enfants. Lorsque c'était difficile, au début, j'ai tenu le coup grâce aux enfants présents. Ils n'avaient pas la même urgence de travail que leurs parents, évidemment très occupés. J'ai été portée par eux. Ils venaient me voir chaque matin. J'ai tout de suite eu l'impression qu'ils m'acceptaient et m'adoptaient, en dépit de mes différences. Il y a quelque chose d'universel dans ces rapports. La tendresse qu'ils m'ont donnée était importante. J'étais très loin de mes enfants et j'avais envie de prendre ceux-là dans mes bras. Si nous partions une journée, ils me manquaient et j'avais hâte de les retrouver. À chaque fois, c'était une fête.

Qu'allez-vous raconter à vos enfants de ce voyage ?
Je leur ai déjà raconté beaucoup de choses à chaud, en rentrant. Et parfois, le soir au lieu de leur lire une histoire, je leur raconte un petit bout de ce que j'ai vécu chez les Maasaï. J'adore leurs questionnements, leur curiosité. J'ai aussi beaucoup parlé de mes enfants aux Maasaï, cela m'a aidé à partager avec eux.

Propos recueillis par Françoise Payen, France 2

Voir également notre article :
“Rendez-vous en terre inconnue” avec Mélissa Theuriau mardi 21 janvier 2014 sur France 2

Dernière modification le jeudi, 13 août 2020 16:03
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