
Pascal, le grand frère fête ses 5 ans, l'occasion de dresser le bilan de l'aventure...
L'idée était de retrouver tous les jeunes passés dans l'émission, dont certains sont désormais des adultes. Les téléspectateurs me verront plus ému que d'habitude. Je reste dans ma fonction, mais je suis humain et je me suis attaché à ces adolescents. Certaines expériences sont tout de même marquantes, voire troublantes.
Que sont devenus les adolescents croisés au cours de ces 5 ans ?
La plupart travaille, certains sont pères ou mères de famille. Ils basculent dans le monde des adultes et me disent : «Qu'est-ce qu'on a pu être bêtes !».
Votre intervention a donc eu une influence plutôt positive...
Cette émission est aussi un clin d'œil, la preuve que l'on ne ment pas au public. Nous faisons un vrai boulot ! Je ne dis pas que tout va mieux après seulement 10 jours passés dans les familles, je ne suis pas magicien, mais ces dernières ont pris conscience qu'il y avait de vrais soucis et travaillent pour les résoudre.
Une fois les caméras éteintes, quel rapport entretenez-vous avec eux ?
Je retourne les voir hors caméra, ou je garde le contact par téléphone, mail ou Facebook. Les relations s'espacent avec certains en fonction de leur emploi du temps, mais ils sont toujours ravis d'avoir des nouvelles. Ils sont étonnés de voir que je ne les lâche pas !
Vous intervenez auprès des jeunes, mais aussi de leurs parents ; qui sont les interlocuteurs les plus difficiles ?
Le travail est plus compliqué avec les parents, car ce n'est pas évident de se remettre en question lorsque l'on est adulte, d'admettre ses propres échecs devant ses proches, voisins ou collègues. Je trouve cela très fort et j'encourage chacun à le faire, les répercussions sont positives.
Quelle influence a eu Pascal, le grand frère sur votre métier d'éducateur ?
L'émission m'a renforcé dans mes convictions. J'ai une vision complètement différente du système éducatif aujourd'hui. Il faut redonner à chacun sa place : beaucoup de parents ont laissé l'école éduquer leurs enfants. Je me bats pour que cela change, j'ai créé une société et j'organise des conférences débats.
Et personnellement, que vous a apporté l'émission ?
Elle m'a enrichi et fait grandir. Je me suis un peu assoupli, je laisse plus de place à la discussion. J'ai changé ma façon d'éduquer mes propres enfants, il y a plus d'écoute et de communication entre nous. Il y a des moments pour jouer ou travailler, d'autres pour partager.
Vos deux enfants entrent justement dans l'adolescence, vous devez ressentir une certaine pression...
Celui de 13 ans essaie de me tester ! Ils le font d'ailleurs à tout âge, dès 2-3 ans. Il ne faut pas attendre pour réagir, ne pas laisser passer le premier caprice. Les jeunes de 16-17 ans que j'ai rencontrés m'ont tous dit que leurs parents ne leur avaient jamais rien interdit. Quand ils commencent, à l'adolescence, il est trop tard.
Quelle est votre plus grande satisfaction en tant que Pascal le grand frère ?
Ma plus grande joie, c'est de voir des jeunes s'en sortir, trouver du boulot, reprendre des études, s'excuser... Mais je suis satisfait d'avoir réussi à donner envie à des jeunes de se lancer dans le métier d'éducateur. Ce n'est pas simple, il faut véritablement que ce soit une vocation.
Avez-vous en mémoire un cas particulièrement marquant ?
Bien sûr... Tous ! Ils sont tous différents, tous difficiles. Il n'est pas rare qu'ils m'insultent, car ils ont besoin de savoir à qui ils ont affaire. Très peu admettent avoir besoin d'aide quand je les rencontre.
Après 5 ans et une trentaine de cas, n'êtes-vous pas lassé de jouer les grands frères ?
Je suis super motivé ! J'ai toujours envie d'aider les autres, pourquoi pas en explorant d'autres méthodes, à la manière de ce que nous avions fait dans Opération Tambacounda ?
Cet anniversaire est-il aussi l'occasion d'apporter quelques changements au programme ?
Nous allons donner de la nouveauté au public. Dès la prochaine émission, il y aura déjà de mini-révolutions. Mais je ne dis rien, pour laisser la surprise !
En repensant à la première émission, imaginiez-vous être encore présent 5 ans après ?
Non, je m'attendais à faire une année, voire deux, mais grâce au public, l'émission a très vite trouvé sa place. J'en profite pour remercier les téléspectateurs de leur fidélité et croyez-moi, tant que des familles auront besoin de moi, je serai présent pour les aider...
Propos recueillis par Ariane GRASSI, TF1