
Notre destination de ce soir est l’Italie. Nous partirons sur la petite île du Giglio, où les habitants ont été brutalement pris sous les feux de l’actualité à cause du naufrage du Costa Concordia, nous croiserons un grand monsieur de la construction de yachts de luxe, un esthète qui a créé une ligne de bateaux révolutionnaires, nous nous poserons à Lampedusa, l’île de tous les espoirs, et de tous les désespoirs…
Cette semaine autour de notre escale :
Toulon entre ciel et mer
Toulon, premier port de militaire de France. Sa situation à l’abri des montagnes lui confère dès le XVIème siècle sa vocation de port de guerre. Aujourd’hui, dans la rade stationne le gros de la marine nationale. À la croisée des chemins entre Marseille et Nice, Toulon ne tire en revanche aucune gloire de son trafic routier. Les habitants lassés de perdre des heures dans les bouchons, empruntent les navettes du réseau aqua-urbain « Mistral ». C’est aussi la façon toulonnaise de découvrir la rade et ses baies voisines, comme Sanary-sur-Mer, camp de base entre autre d’un certain Jacques-Yves Cousteau. Au sud, l’île des Embiez était autrefois recouverte de pâturages salés avant que l’homme d’affaire Paul Ricard ne la transforme en port de plaisance.
La presqu’ile de Giens est elle reliée au continent par un double cordon sédimentaire unique au monde. Entre les tombolos s’étendent les salins d’Hyères dont la seule mission est de protéger la biodiversité.
Toulon : autour de la rade
De loin, on pourrait imaginer une grande ville, Toulon, un paysage urbain, portuaire et très militarisé. De fait, Toulon est bien le plus grand port militaire français, mais la fameuse rade n'en est pas moins un plan d'eau magnifique, bordé de « spots secrets ». Emmanuel De La Taille a été plongeur démineur dans la marine nationale. Jeune retraité, mais toujours plongeur, il a juste un peu plus de temps pour se balader en voilier dans une rade qu'il connaît comme sa poche. L'occasion pour lui de nous monter ses petits coins de rochers préférés, entre pins maritimes et grande bleue.
La ville de Toulon était aussi célèbre pour son quartier "chaud", dans la ville basse, aux portes de l'arsenal, le "petit Chicago". Marins en escale, bars à matelots, belles hôtesses et grosses bagarres, c'est vieux comme les ports et la marine! Mais à Toulon, c'est de l'histoire ancienne, les militaires sont des professionnels qui laissent au vestiaire leur uniforme. Que reste-il de tout cela ? Peu de choses, un quartier en réhabilitation, un peu de nostalgie, et curieusement des bouquins, plein, et beaucoup de bouquinistes! Juste à côté, à Sanary-sur-Mer, derrière le petit port comme une carte postale, Marco Coppelo vend sur le marché ses spécialités italiennes. Mais ses clients ne savent pas que Marco a une double vie. C'est aussi un sorcier du rabot et de la fibre de carbone et des couleurs qui claquent, une signature bien connue des fous de vagues et de vent. Pour eux et sur-mesure, il façonne avec amour et passion des bijoux de planches à voile. Pour autant, Marco n'oublie pas de profiter de son bout de côte magique, qu'il nous fait découvrir à moto.
À fond de cale
À quelques semaines de l'été et avant de sillonner les eaux de la Méditerranée, les grands yachts de luxe se font toujours une beauté dans les chantiers navals du sud de la France. Depuis quelques années à La Ciotat, un chantier utilise une méthode révolutionnaire et rapide pour sortir de l'eau les bijoux des milliardaires. Les responsables ont investi dans un ascenseur à bateaux, un engin qui permet de déposer à terre des yachts de plus de 80 m. À l'aide d'une dizaine de caméras placées sur les quais, à bord et surtout sous l'eau, nous avons filmé le travail des équipes du chantier lors des opérations de mise en cale sèche. À bord d'Annamia, l'équipage est sous pression car la moindre risée peut dévier le navire de sa trajectoire, sous l'eau les plongeurs dirigent la manœuvre. Ils sont en charge de positionner le bateau sur la grande plateforme sous-marine. De leur efficacité et de leur précision dépend l'entière réussite de cette opération délicate. Aujourd'hui la tâche s'avère plus compliquée que d'habitude car le mistral souffle et la houle est de la partie. Tous les acteurs sont conscients que le monstre qui sort de l'eau représente des dizaines de millions d'euros...
Pour aller plus loin : destination L’Italie
Un italien dans le vent
Luca Bassani n'est pas facile à suivre !
Il se partage entre Monaco, Portofino, Saint-Tropez, Portocervo, partout où l'on peut voir des yachts incroyables.
Normal, il imagine, conçoit et fait construire les plus beaux voiliers du monde, dit-on, mais aussi des bateaux à moteurs hors du commun.
« Il signore Bassani » avait très bien vendu l'entreprise familiale de matériel électrique en Italie. Il pouvait, jeune retraité, naviguer en famille autour du monde le reste de sa vie… Mais l'ancien champion du monde de régate est resté un compétiteur acharné qui ne tient pas en place.
Il a imaginé son premier grand voilier Wallygator pour lui, à son idée, moderne, performant, design sobre mais sophistiqué.
Très remarqué dans tous les ports huppés de Méditerranée, Wallygator a fait des petits, ou plutôt des grands, plus d'une quarantaine de voiliers Wally aujourd'hui, immenses, tous différents, tous magnifiques. Le style Wally, rapide, épuré, élégant et facile à manier, a lancé une mode, jusqu'à influencer toute la concurrence.
La révérence du Giglio
Sur le littoral toscan, à quelques mètres à peine du port de la petite île du Giglio, le Costa Concordia semble désormais faire partie du paysage.
En équilibre instable sur un haut-fond depuis son naufrage le 13 janvier dernier, l’épave continue de hanter l’esprit des habitants du port, qui, petit à petit, se réapproprient leur île. Ce parc naturel préservé qu’est Giglio vit au rythme tranquille des insulaires, seulement perturbé par la saison touristique. Pourtant, depuis le naufrage, Giglio fait la une des journaux du monde entier et l’accident du Costa Concordia pourrait bien marquer un tournant décisif pour l’avenir de cet écrin de beauté.
Une chose est sûre : pour les îliens, rien ne sera plus comme avant…
Lampedusa, l’île refuge
Lampedusa est l’île européenne la plus au sud de la Méditerranée. Plus proche des côtes tunisiennes que de la Sicile, c’est aussi l’un des premiers ports de débarquement des migrants venus de Tunisie, de Lybie et de toute l’Afrique subsaharienne. Ses eaux territoriales forment comme une petite poche italienne au milieu des eaux internationales. C’est l’eldorado pour les milliers de migrants comme Joseph qui tentent de gagner l’Europe… Pour cette raison, depuis 20 ans, Lampedusa fait la une des journaux mais laisse dans l’ombre ses habitants. Des habitants comme Pietro, Paola, Giacomo, le Commandant Morana et bien d’autres encore… Ils vivent ici toute l’année et sont malgré eux au cœur du drame des migrants. Certains habitants ne font que les apercevoir, d’autres les sauvent, leur parlent, d’autres encore les ignorent…Mais tous savent que Lampedusa, île d’escale sur le chemin des migrants, joue un rôle prépondérant pour ces hommes et ces femmes qui cheminent vers l’espoir. Et puis un jour, tout a basculé. Le jour où les révolutions arabes et la guerre en Lybie ont provoqué de tels flux migratoires que la petite île et les autorités italiennes n’ont pas pu, voulu, ou su gérer ces arrivées massives. Ce jour-là, ce fut trop. Ce jour là, l’île accueillante a brisé son silence. Certains se sont révoltés, d’autres ont dépassé la ligne et après, rien ne sera plus comme avant.
Les trésors de Thalassa :
Le mythe d’Aldabra
A l’écart de toutes les routes maritimes, Aldabra est une île mythique, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cet ancien cratère volcanique abrite un lagon intérieur aussi grand que la ville de Paris, où vivent tortues, requins, poissons et oiseaux au rythme des marées. Aldabra compte plusieurs espèces animales uniques au monde. Seuls dix hommes habitent sur l’île coupée du monde, dix rangers chargés de protéger et recenser la faune de cette réserve naturelle. A la tête de l’île, le manager Guy Esparon est un ancien casque bleu de l’ONU : au Rwanda, au Timor oriental, il a vécu trop de massacres pour ne pas préférer désormais le monde des animaux à celui des hommes.