
Dans le somptueux hôtel familial des Pozzo à Paris, dans la maison ancestrale de Corse sur les hauteurs d’Ajaccio, dans la cité d’Abdel et dans les Alpes où Philippe continue de faire du parapente, nous les avons suivis partout. Ensemble. Des soins aux virées en voiture en passant par les expositions, les conférences auprès des handicapés… Et séparément. Avec d’un côté, Philippe, ce voyageur immobile qui aime à recevoir chez lui des musiciens et fréquenter les artistes. Et de l’autre, Abdel, ce noctambule si secret qui rode au volant de sa voiture, non loin de sa cité du quinzième. La relation entre les deux hommes constitue la trame du film émaillé de témoignages de quelques proches : Laetitia, la fille de Philippe, Laurence, leur collaboratrice en affaires, les amis d’Abdel et de Philippe, deux mondes qui ont eu du mal à accepter cette relation longtemps jugée contre-nature. Car tout semble les opposer, l’éducation, le phrasé, l’allure, leur rapport aux femmes… Mais au fil des interviews, l’homme du monde et l’enfant des cités se révèlent être deux doubles indispensables l’un à l’autre, deux hommes de pouvoir amoureux des femmes que rien ne semble effrayer et surtout pas la mort. L’on en oublie alors toutes les différences. Infirmier de choc au départ, Abdel est désormais un partenaire en affaires, un ami, un confident, un second fils qui a définiti-vement conquis sa place auprès de Philippe.
Une véritable tragi-comédie traversée de moments d’émotion sans cesse dynamités par l’irrésistible drôlerie des deux hommes, mais aussi une formidable leçon de vie qui agit comme un coup de pied au malheur.