C’est en 1144 qu’est consacrée la basilique de Saint-Denis, augurant l’ère gothique, qui engendrera, par le génie d’architectes dont Ulrich d’Ensingen et Erwin von Steinbach, d’éclatants édifices, comme les cathédrales de Strasbourg, de Fribourg et d’Ulm.
Grâce aux dernières révolutions architecturales et techniques – notamment la découverte des voûtes d’ogive et des arcs-boutants –, ses concepteurs sont parvenus à s’affranchir des contraintes de l’ère romane pour donner au monument une élévation encore inédite, permettant l’irruption dans la nef d’un flot de lumière colorée à travers de vastes vitraux.
Au fil des décennies et des siècles suivants, les architectes et maîtres d’œuvre de toute l’Europe rivaliseront d’ingéniosité pour affiner plus encore ces principes de lumière et d’élévation.
Enjeux de pouvoir
Au fil d’images de synthèse, de reconstitutions historiques et de prises de vue aériennes, ce documentaire plonge dans l’histoire des plus beaux édifices gothiques et romans, dont la construction a souvent été marquée par l’émulation, les enjeux de pouvoir et les rivalités. Un regard dans les précieuses archives médiévales des villes où s’élèvent ces cathédrales complète cette exploration de vertigineux monuments qui suscitent un émerveillement intact plusieurs siècles après leur conception.
ARTE diffusera à la suite la seconde partie du documentaire, l'époque romane.
Au tournant de l’an mil, l’essor de la chrétienté s’inscrit de plus en plus dans la pierre. Comme le note Raoul Glaber, moine chroniqueur de son temps : "La terre se couvre d'un blanc manteau d’églises".
Dans la vallée du Rhin, où se concentrent les grands lieux de pouvoir du Saint Empire romain germanique, les églises en bois ou de style carolingien laissent place à de somptueuses cathédrales romanes aux allures de palais : des symboles forts sur le plan religieux autant que politique, qui soulignent la puissance des bâtisseurs.
Avec la cathédrale Saint-Martin de Mayence, les archevêques Willigis puis Bardo ambitionnent de faire de leur ville une "deuxième Rome", tandis que la cathédrale de Spire, à quatre tours et deux dômes, fondée quelques décennies plus tard, vient asseoir le pouvoir de la dynastie franconienne. À Worms, la cathédrale Saint-Pierre constitue un nouveau chef-d’œuvre de l’architecture