« Charles Trenet, l’enchanteur », document hommage à l'artiste, vendredi 19 février sur France 3

Mis en ligne par Jean-Marc VERDREL mardi 26 janvier 2021 3432
« Charles Trenet, l’enchanteur », document hommage à l'artiste, vendredi 19 février sur France 3

À l'occasion des 20 ans de la disparition de l'artiste, France 3 propose, vendredi 19 février à 21:05, un grand portrait de Charles Trenet, tout archives et au plus près de la vie et de l’œuvre d’un enchanteur.

Voici l’ardeur, l’enthousiasme, l’émerveillement dont on a tant besoin, et qui font tant de bien aujourd'hui ! Voici aussi la mélancolie, le rejet, l’abandon. Sait-on que la joie chez Trenet se pratiquait comme un sport, une gymnastique de chaque jour ? Cet authentique génie de la chanson apparaît également comme un modèle d'attitude face aux épreuves. Trenet était ce refus absolu du désespoir. Par son œuvre, par sa vie, il nous offre une leçon de bonheur.

Note d'intention du réalisateur, Philippe Kohly

Charles Trenet est un auteur-compositeur-interprète : un personnage à trois faces qui avant lui n’existait pas, dont il a été l’inventeur à 24 ans. Mariant le surréalisme et le jazz, faisant swinguer la langue de La Fontaine, il a fondé la chanson moderne.
L’auteur, le chanteur, l’homme : le portrait de Charles Trenet embrasse trois personnages à la fois.

L’auteur est au XXe siècle seul et unique de son espèce. Ayant fait les portraits de Jean Ferrat, Barbara, Jacques Brel, Georges Brassens, j’ai rencontré à chaque fois leur enfantement douloureux : les plus belles chansons ont été payées au prix de l’angoisse, de la souffrance, d’une victoire.

Il en va tout autrement chez Trenet. L’auteur de 1 000 chansons s’est-il jamais mis à une table de travail ? Les chansons sont venues à lui, il les a transcrites, souvent d’une traite. Pas de transpiration chez lui mais une inspiration toujours neuve dont il ne tire aucun mérite. Trenet ne cherche pas, il trouve, l’inspiration le trouve. Il est un authentique génie de la chanson. Et — tous arts confondus — l’un des rares génies qu’ait connu la France au XXe siècle.

« Je n’ai jamais rencontré un pareil jaillissement créateur, sauf chez Giono », disait Marcel Pagnol.
Le génie relève de l’extraordinaire, il mérite d’être éclairé autant qu’il est possible. Quand survient l’inspiration de Trenet ? A quelles occasions ? Les paroles ou la musique d’abord ? Connaît-il le solfège ? Quelle est la part des retouches, des ratures ? Bref, mon intention a été de faire l’anatomie d’un génie.

La résurrection de l’interprète est ma deuxième idée. Car Trenet reste un inconnu du grand public. Quand, en 1956, le chanteur apparaît à la télévision il a 43 ans. Et c’est un homme de 60 ans voire de 70 ans qu’a connu le public d’aujourd’hui : l’invité des émissions de Pascal Sevran ou de Jean-Pierre Foucault dans les années 80. Un homme empâté, aux cheveux trop roux, à la veste de smoking pailletée.

Le premier Charles Trenet, celui qui a transporté la France quand il avait 25 ou 30 ans, reste ignoré.

Le recours à cinq longs-métrages qu’il tourna alors permet de le ressusciter, de mettre en scène sa vitalité hors normes qui bouleversa Georges Brassens : « Trenet m’a apporté quelque chose que rien d’autre n’a jamais pu m’apporter. Une espèce d’explosion intérieure fantastique ! »

L’approche de l’homme est une autre affaire. Trenet d’emblée nous le dit : « Je ne sais pas qui je suis ! »

Cet homme apparaît d’abord comme une force de vie. Il connut deux fois la prison, les rumeurs, les humiliations, les rejets, et toujours il a rebondi pour nous livrer une leçon de bonheur. Mais quelle est la part de la façade ?

Abandonné par sa mère à 6 ans, il est resté secrètement mélancolique. À mes yeux, il est un enfant qui n’a jamais voulu abdiquer. Sa seule vraie compagne est l’inspiration. Cet enfant a mené une vie de rêves qu’il a poursuivie de chanson en chanson. Dans les chansons, il ouvre son cœur, il livre ses humeurs, il découvre qui il est.

Enfin, il s’agissait de transmettre, de faire venir le public à Charles Trenet. Car Trenet souffre de son élégance. Il a mis la légèreté au-dessus de tout. Le chanteur qui avait des ailes n’est jamais lourd. Il refuse l’esprit de sérieux, ne pose jamais au poète, se sert des mots les plus simples, bannit les pleurs et les cris : c’est la clé de son enchantement, la garantie sans doute de son éternité, mais cette légèreté est un handicap aujourd’hui. « Plus on avance techniquement, plus on recule poétiquement », disait Orson Welles.

Dans une époque saturée de bruit, il faut souvent du lourd, du sérieux pour se faire entendre. Faire entendre Charles Trenet, faire venir le public à lui, voilà le véritable objectif de ce portrait. Pour que chacun puisse partager ce bonheur : l’enchantement de ses chansons.

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