Quatre décennies après l'abolition de la peine de mort – votée le 18 septembre 1981 – la silhouette anguleuse de la guillotine et le bruit sec de sa lame biseautée peuvent encore faire frissonner d'effroi.
Quatre décennies après la fin de « cette justice qui tue », pour reprendre les mots de son principal adversaire dans les prétoires et à l'Assemblée nationale Robert Badinter, cette machine reste le symbole d'une barbarie que notre époque contemporaine n'assume plus. L'instrument iconique d'une France qui l'a longtemps plébiscitée, applaudie et défendue. Car si aujourd'hui la guillotine évoque un archaïsme sauvage, elle a été au moment de la Révolution le marqueur d'une société progressiste, héritière des Lumières et soucieuse de rendre la même justice pour tous. Une solution « miracle » garantissant une mort instantanée et aveugle aux privilèges.
Au fil du temps, l'opinion publique s'est divisée entre les foules haineuses réclamant la tête des bourreaux d'enfants et les défenseurs de peines à perpétuité qui évitent de commettre les mêmes crimes que ceux que l'on a condamnés. Unes de journaux, essais littéraires ou conversations de comptoirs s'invectivent et se répondent au sujet de ce « rasoir national ».
La guillotine, une véritable passion française.