« "Lolita", méprise sur un fantasme » mercredi 13 octobre sur ARTE (vidéo)

Mis en ligne par Jean-Marc VERDREL lundi 11 octobre 2021 2145
« "Lolita", méprise sur un fantasme » mercredi 13 octobre sur ARTE (vidéo)

Comment l'enfant abusée du chef-d'œuvre au noir de Nabokov s'est-elle transformée en icône érotique dans l'imaginaire collectif ? Généalogie d'un contresens nourri de scandale et de gloire, au plus près du roman et de son histoire à découvrir mercredi 13 octobre à 22:35 sur ARTE.

Par son succès phénoménal, le roman le plus connu de Nabokov a fait du surnom de son héroïne un nom commun et a popularisé le mot "nymphette". Dans l'imaginaire collectif, ces deux termes désignent une jeune aguicheuse, sexuellement précoce, qui se plaît à susciter les désirs masculins. Pourquoi la tragédie de Dolores Haze, alias Lolita, orpheline de 12 ans violée par son beau-père, que nous ne percevons qu'à travers le fantasme criminel de ce dernier, reste-t-elle caricaturée depuis si longtemps 

Écrit à la première personne du singulier, le roman se présente comme la confession fiévreuse et sans remords de cet homme de 37 ans, esthète déraciné obsédé par la fille de sa logeuse, qu'il enlèvera pour la tenir en sa possession au fil d'une longue fuite à travers les États-Unis des années 1940.

Pour rendre justice au "livre le plus incompris de l'histoire de la littérature", que certains considèrent aussi comme une apologie de la pédophilie, Olivia Mokiejewski revient aux sources. Elle déroule la genèse et le destin extraordinaire de l'œuvre, victime d'une succession de malentendus, notamment après son adaptation infidèle au cinéma par Stanley Kubrick en 1962, sept ans après sa publication. En parallèle, le film fait vivre le texte pour évoquer la "vraie" Lolita, enfant abusée dont la souffrance et l'absolue solitude hantent le récit en filigrane.

L'ampleur du décalage

Manuscrit brûlé, rejeté, publié, censuré, réédité puis encensé, avant de trouver place parmi les chefs-d'œuvre universels, Lolita devra à son sulfureux sujet autant qu'à sa puissance littéraire une part de sa gloire. Celle-ci n'a fait qu'amplifier la méprise, malgré les mises au point mi-irritées, mi-résignées de Vladimir Nabokov – entre autres sur le plateau d'Apostrophes en 1975, deux ans avant sa mort, face à un Bernard Pivot malencontreusement égrillard, qui illustre l'ampleur du décalage.

Avec d'autres archives rares de l'écrivain, et les éclairages de son biographe, Brian Boyd, de deux de ses traducteurs (Maurice Couturier pour le français, Tadashi Wakashima pour le japonais), ainsi que d'autres fervents lecteurs et exégètes, dont Vanessa Springora, l'auteure du Consentement (Grasset, 2020), Olivia Mokiejewski rend hommage à la stupéfiante modernité de Lolita, qui, près de soixante-dix ans après sa parution, nous confronte à une vérité humaine que beaucoup se refusent encore à voir.

Dernière modification le lundi, 11 octobre 2021 18:22
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Publié dans Documentaires
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