Longtemps, Giuseppe Tomasi, prince de Lampedusa, ne sut que faire de son existence. Né à Palerme en 1896, cet aristocrate sicilien a grandi entre le palais citadin et les propriétés secondaires de sa riche et noble famille. Timide et solitaire, il se passionne dès l’enfance pour la littérature, se plongeant des heures entières dans les œuvres des auteurs français et britanniques.
Après la fin de la Première Guerre mondiale, dans laquelle il a dû combattre, il s’émancipe un temps d’une mère possessive, Beatrice, en voyageant en Europe. En Lettonie, il fait la connaissance d'Alexandra von Wolff-Stomersee, une psychanalyste germano-balte dont la mère est mariée à l'un de ses oncles. Il l'épouse à Riga, en 1932, mais une fois rentré à Palerme, son couple est fragilisé par l’omniprésence de sa mère, qu’Alexandra ne supporte pas. Après une longue séparation, entrecoupée de retrouvailles, cette dernière ne reviendra vivre auprès de lui qu’à la mort de Beatrice, à l’issue du second conflit mondial.
Écrivain de la dernière heure
En 1955, encouragée par Alexandra, devenue une psychanalyste reconnue, Giuseppe, ruiné, entreprend d’écrire son premier roman, Le guépard. Publié en 1958, un an après sa mort, ce récit, qu’il présente comme les souvenirs de son arrière-grand-père à l’heure des bouleversements politiques du Risorgimento, deviendra un succès mondial. Palme d’or à Cannes, en 1963, l'adaptation magistrale réalisée par Luchino Visconti, avec Burt Lancaster, Alain Delon et Claudia Cardinale, amplifie encore la renommée du livre.
Composé d’archives et de témoignages de plusieurs de ses proches, notamment de son fils adoptif Gioacchino Lanza Tomasi et de son cousin Lucio Piccolo, ainsi que de son biographe David Gilmour, cet élégant portrait documentaire tisse de subtils parallèles entre la vie aussi romanesque que méconnue de l'écrivain de la dernière heure, et le chef-d'œuvre posthume qu’il a laissé à la littérature mondiale, avec un recueil de quatre nouvelles, Le professeur et la sirène.