Au large de l’île suédoise de Stora Ekön, une équipe d’archéologues subaquatiques fouille une épave enfouie sous une épaisse couche de sédiments, dont tout indique qu’il s’agit du Gribshunden ("le Griffon"), le navire amiral de Jean Ier, qui a régné sur le Danemark, la Suède et la Norvège à la fin du XVe siècle.
On sait, grâce aux chroniques médiévales, que l’imposant vaisseau a sombré en 1495 à la suite d’un incendie, alors que le souverain s’apprêtait à rencontrer le régent de Suède, dont il voulait briser les velléités d’indépendance. Mais comment a-t-il été construit et quels trésors renferme-t-il ?
Au fil des jours, les plongeurs remontent quantité d’objets qui montrent que le bateau était fortement armé (canons, arbalètes et même arquebuses, l’une des premières armes à feu portatives) et transportait d’importantes réserves de nourriture et d’argent – comme en témoignent les restes d’un esturgeon d’Europe ou une bourse en cuir emplie de pièces de monnaie. La dendrochronologie, ou l’analyse des cernes de croissance des arbres, révèle aussi des surprises : si le bois des tonneaux est originaire de Scanie et de Pologne, celui du bordage, remontant à 1482-1483, proviendrait du nord-ouest de la France.
En libérant un pan de coque intact, les chercheurs parviennent à percer le mystère de sa conception : fusion du drakkar viking et de la caravelle méditerranéenne, le Gribshunden était à la pointe de la technologie de l’époque.
Profondes mutations
Dans le sillage de la mission archéologique emmenée par Brendan Foley et Johan Rönnby, ce documentaire dévoile les secrets du navire de guerre de Jean Ier, conçu aussi comme un puissant instrument de propagande flottant.
Seul exemple qui nous soit parvenu, le Gribshunden appartenait à une nouvelle génération de bateaux qui a modifié le cours de l’histoire en ouvrant la voie aux explorations maritimes du XVe siècle et à la constitution des empires coloniaux européens.