Une aventure exceptionnelle
Comment reconstruire Notre-Dame pour les générations futures ? Quels secrets a-t-elle à nous livrer sur son histoire et sur les savoir-faire anciens utilisés pour son érection et sa conservation au fil des siècles ?
Après l’incendie qui a failli la détruire, la phase de consolidation de l’édifice étant achevée, les trois volets de la série documentaire réalisée par Vincent Amouroux nous emmènent auprès des archéologues, des historiens de l’art, des géologues, des ingénieurs structure et numérique, mais aussi des spécialistes du verre, du bois, du métal et de l’acoustique, mobilisés par ce chantier d’une envergure inédite.
Une aventure humaine et scientifique exceptionnelle, au cours de laquelle sont explorés pour la première fois, de la flèche aux fondations, des espaces de la cathédrale restés cachés pendant plus de huit siècles.
20:55 Volet 1 La quête de la hauteur
L’immense incendie qui a consumé la toiture et fait s’effondrer la flèche de Notre-Dame a transpercé les voûtes et fragilisé le calcaire de ses pierres.
Dès le lendemain de l'incendie, huit groupes de travail, dont quatre portant sur l’étude des matériaux (bois, métal, pierre et verre), se sont progressivement mis en place pour enrichir non seulement les connaissances sur Notre-Dame et plus largement sur les autres cathédrales médiévales, mais aussi d’apporter des informations utiles à la restauration de l’édifice et accompagner ainsi les architectes en chef des monuments historiques, maîtres d’œuvre, et l'Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale, maître d'ouvrage. Ils regroupent plus d’une centaine de chercheurs appartenant à une cinquantaine de laboratoires, répartis dans toute la France.
Confrontés à une recherche d’une ampleur inédite, ils s'attaquent à l’étude d’un arc médiéval de la nef effondrée. Pendant plusieurs mois, ils collectent, organisent et analysent la structure des centaines de blocs tombés des voûtes afin de comprendre leur agencement. Cette tâche ardue leur donne accès à des traces archéologiques : des marques sur les pierres jusque-là cachées. Apprendre à les lire va leur permettre de comprendre l’intention des bâtisseurs, engagés dans une véritable course à la hauteur.
Les archéologues et historiens ont aussi pour mission d’aider les architectes en charge de la restauration à retrouver des savoir-faire vieux de plus de huit cents ans. Pour reconstruire des arcs et des voûtes médiévaux de cette ampleur, clés de la stabilité et de la structure de l’édifice, ils vont s’appuyer sur un logiciel 3D, spécialement créé pour calculer les possibilités d’agencement des pierres.
21:45 Volet 2 L'harmonie des forces
Édifiée sur l’île de la Cité au XIIe siècle, Notre-Dame est au moment de sa construction la plus haute cathédrale de la chrétienté. Par ses dimensions, la finesse de ses maçonneries et la forme de ses arcs-boutants, elle marque l’entrée de l’architecture gothique dans une nouvelle ère, faisant d’elle un gigantesque vaisseau de pierre où la matière s’efface devant l’espace.
Ce chef-d’œuvre d’harmonie et d’équilibre a été bouleversé par l’incendie. La flèche s’est effondrée sur les voûtes en les brisant au niveau du transept et de la nef. Quant à la toiture en plomb et à la charpente, disparues dans les flammes, elles ont cessé de peser sur les murs, perturbant la stabilité de l’édifice. Pourtant, malgré ses fractures, la cathédrale ne s’est pas effondrée dans les jours qui ont suivi la catastrophe.
Comment expliquer la résistance de Notre-Dame ? De quelle façon les bâtisseurs ont-ils conçu sa structure ? Et comment reconstruire l’édifice en lui garantissant la même stabilité ? C'était l'un des secrets de la cathédrale parisienne : au-dessus des voûtes en pierre et sous l'immense couverture de plomb se trouvait une incroyable charpente en bois, connue sous le nom de "forêt", car elle était composée d’un millier de chênes. Un élément clé de la souplesse de la cathédrale, qu’il va falloir restituer.
22:35 Volet 3 La fabrique du sacré
Le matériel et l’immatériel contribuent à la grandeur d’un monument sacré. Notre-Dame constituait un miracle de structure et de proportions, mettant en scène la hauteur, la lumière et l’acoustique.
Avant d’entamer la pose d’un gigantesque échafaudage de plus de 96 mètres de haut, les architectes doivent s’assurer de la solidité des fondations. Une occasion unique pour les archéologues de l’Inrap de les explorer grâce à un robot télécommandé : centimètre par centimètre, un géo-radar va scanner deux jours durant l’intégralité du sol de la cathédrale. Se révèlent alors un sarcophage de plomb, inhumé vraisemblablement au XIVe siècle, et, enfouis au pied du chœur, les vestiges de plus de deux cents blocs et fragments de sculptures polychromes. Bientôt, un second sarcophage est découvert.
La cathédrale doit également retrouver son acoustique d'origine, sa lumière et sa couleur. Si le monument peut s’enorgueillir d’avoir conservé ses vitraux intacts, ce sont tout de même plus de 1 000 mètres carrés de verre qu’il faut délivrer d’une épaisse couche de suie et de poussière de plomb.