Laurent Gerra nous parle de son rôle dans “Monsieur PAUL” lundi 30 mai sur France 2

Mis en ligne par Jean-Marc VERDREL mercredi 11 mai 2016 4919
Laurent Gerra nous parle de son rôle dans “Monsieur PAUL” lundi 30 mai sur France 2

Dans “Monsieur PAUL”, fiction inédite qui sera diffusée lundi 30 mai à 20:55 sur France 2, Laurent Gerra incarne Franck Jourdan, un journaliste d'investigation qui traque Paul Touvier (François Morel), ancien collabo et chef de la milice à Lyon durant la Seconde Guerre mondiale. Un véritable contre-emploi qui souligne une interprétation remarquable de justesse et d'intensité.

Connaissiez-vous l’histoire de Paul Touvier ?

Oui, à l'époque du procès de ce monsieur, on en parlait beaucoup. Je me souviens avoir fait un sketch chez Jacques Martin qui s’intitulait « Touvier tout bronzé » [rires]. Je connaissais d’autant plus cette histoire que je suis originaire des environs de Lyon et que Touvier a agi dans la région. C'est là qu'on a retrouvé tous ses dossiers. Avec François Morel, on discutait de lui durant le tournage. On se souvenait tous les deux de sa petite chemise rouge et de cette espèce de lacet qu’il portait en guise de cravate durant son procès.

Pourquoi avoir accepté ce film ?

Cette histoire me parlait car elle me touchait personnellement. Quand Jean-Luc Michaux (producteur de Native) m’a proposé le rôle de Franck Jourdan, j’étais déjà très impliqué dans mes recherches liées aux carnets de guerre de mon grand-père*. Il a été prisonnier durant la Seconde Guerre mondiale. Il s’est évadé puis est entré dans la Résistance des Maquis de l’Ain. Ces derniers, dirigés par le colonel Romans-Petit, étaient sous les ordres de Jean Moulin qui venaient de Lyon, où il y avait un gros département de la Résistance.

Une coïncidence troublante...

C’est vrai que le hasard était très troublant pour moi : ces deux histoires se télescopaient sur une même période, la Seconde Guerre mondiale, et dans la même région. À l’instar de mon personnage, je me suis plongé dans un travail d’investigation concernant le passé de mon grand-père : essayer de retrouver des personnes qui l’avaient connu, de revenir sur ses pas, sur l’itinéraire de ses cavales, d’en savoir plus sur ce qu’il avait vécu.

Connaissiez-vous Jacques Derogy, le journaliste qui a inspiré le personnage que vous incarnez, Franck Jourdan ? Que pensez-vous de lui ?

J’avoue que je ne savais pas que tout était parti de l’article de ce journaliste de L’Express, en 1972. Je me souvenais davantage de l’après, avec le procès de Touvier. J’ai eu l’occasion d’en parler avec des journalistes de RTL. D’ailleurs, ils connaissaient bien ce journaliste et son histoire.
De la même manière qu'on a découvert Klaus Barbie en Amérique du Sud, ce journaliste se rend compte que Touvier est en liberté, gracié par Georges Pompidou, alors président de la République. Rester en France pour tenter de débusquer Paul Touvier était à la fois culotté et un vrai acte de bravoure. J’admire ce genre de personnes qui sont au service de la vérité. Elles sont obsédées par ça, mettre un coup de pied dans la fourmilière. Je trouve même héroïque et courageux que cet homme soit allé à l’encontre du pouvoir et de l’État pour aller au bout de la vérité et la dévoiler au grand jour.

Comment avez-vous abordé votre personnage ?

La production ne souhaitait pas que je cherche à en savoir plus sur Jacques Derogy, contrairement à François Morel qui, lui, s’est beaucoup renseigné sur Paul Touvier. Je pense qu’elle voulait que j’aborde le personnage de façon neutre. J’ai donc imaginé un homme sérieux, besogneux, qui ne lâchait pas l’affaire. Cet acharnement du journaliste était très intéressant à jouer, d’autant plus que cela crée une tension dans la relation entre Touvier et lui. À chaque mauvais coup de Touvier, Jourdan apparaît avant ou après, on s’aperçoit que l’histoire de l’un ne va pas sans l’histoire de l’autre.

Comment expliquez-vous que ce silence autour de Touvier ait longtemps duré ?

Il y a ce passage dans le film avec l’intervention de Pompidou à la télévision qui est assez éloquente, je trouve. Le président fait comprendre que le pays doit passer à autre chose, et que faire ressurgir les événements de la Seconde Guerre mondiale n’est pas heureux. Je pense qu’ils ont dû se dire que si on remettait le nez dedans, on ne serait pas très fiers de ce passé justement. Avec tous ces résistants de la dernière heure, tous ces noms en haut lieu, on n’en finirait plus tant ils sont nombreux ! Je pense aussi que les Français ont beaucoup souffert durant la guerre et qu’ils ne voulaient plus en entendre parler. Toutes ces histoires ont sauté une génération, je le vois bien avec mon grand-père qui n’a jamais évoqué cette période à mon père et qui m’a, plus tard, dédié ces carnets de guerre.

Propos recueillis par Mona Guerre, France 2

* Georges Gerra & Laurent Gerra, Cette année, les pommes sont rouges. C'était la drôle de guerre de mon grand-père, Flammarion, octobre 2015.

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Publié dans Fictions
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