A Palerme, derrière une façade austère et un portail en bois, se cache l’un des plus beaux joyaux du style baroque sicilien: le palais Gangi. Luchino Visconti y a tourné la scène mythique du bal du film « Le Guépard» , avec Claudia Cardinale, Alain Delon et Burt Lancaster. Ce vaste palais de 8000 mètres carrés est aussi la demeure d’une française d’origine lyonnaise et savoyarde : la princesse Carine Vanni Mantegna di Gangi. La demeure appartient à la famille de son époux depuis sa construction en 1652. “Nous sommes arrivés après la mort de ma belle-mère, il y a vingt ans. La maison était dans un état épouvantable. Tout le mobilier était couvert de poussière, dans un état piteux. J’ai dit à mon mari qu’il fallait absolument sauver le pavement de la salle de bal. … Je n’ai pas réalisé à l’époque que c’était le début d’un chantier sans fin !”
En vingt ans, le couple princier a dépensé plus de 4 millions d’euros pour la restauration de la demeure, sans aucune aide de l’état italien. Aujourd’hui, la famille Gangi n’a plus les moyens de maintenir ce chef d’oeuvre; la princesse se sent dépassée par l’ampleur de la tâche. De visites privées à l’organisation de grandes réceptions, nous la suivrons dans son combat quotidien pour récolter des fonds nécessaires à l’entretien et la restauration de cette demeure unique. Si elle ne trouve pas de mécènes, elle devra peut-être se séparer du palazzo Gangi .
Après un échange universitaire d’un an en Italie, Dorothée Lambert a posé ses valises en Sicile en 1998. “J’avais fait des études d’histoire de l’art, je suis tombée amoureuse d’un sicilien et je ne suis jamais repartie !” Avec leurs deux enfants, le couple s’installe à Avola, près de Syracuse et de la magnifique ville baroque de Notto. Ils y ouvrent ce qu’on appelle en Italie un lido, une plage privée. Dorothée va devoir travailler d’arrache pied pour que tout soit prêt à temps pour l’ouverture pour accueillir la vague de touristes italiens, français, hollandais, allemands… “ Tout doit être parfait pour la saison ! C’est important car je ne travaille pas le reste de l’année. Tous les revenus de la famille en dépendent ! ”
Ancien fildefériste dans la troupe d’Annie Fratellini, le franco-sicilien Cédric Casanova s’est lancé un peu par hasard dans l’huile d’olive : “Après un accident qui m’a abimé le dos, j’ai du arrêter le cirque en 2004. J’ai fait un break en Sicile, sur les terres de mon père, là où je passais toutes mes vacances quand j’étais enfant.” Quinze années plus tard, il régale désormais particuliers et restaurateurs dans ses boutiques avec ses mets siciliens : huiles, pâtes, tomates séchées, fromage, boutargue... Pour dénicher ces produits d’exceptions, l’ancien acrobate est prêt à aller très loin. Cette année, il démarre une nouvelle aventure sur la toute petite île de Linosa, perdue au large de la Sicile, à une nuit de traversée d’Agrigente. “Je l’ai découverte par hasard. Je suis immédiatement tombé amoureux de ce petit rocher de 5 km2.” A son retour de Sicile, Cédric Casanova présentera ses nouvelles trouvailles à un grand chef étoilé, dans l’espoir de lancer un partenariat.
Enfin, Biagio Castagna est sicilien mais il sera le temps d’un week-end un chevalier normand. Chaque été depuis quatre ans, il participe au palio di Normanni, l’une des courses de chevaux les plus célèbres d’Italie, à Piazza Armerina, une ville fortifiée en plein coeur de la Sicile. L'événement célèbre la libération de l’île par le comte Roger de Hauteville, devenu Roger Ier de Sicile au XI siècle. Les siciliens sont encore très fiers de cet héritage. Dans la région, participer au palio est le rêve d’une vie. En costume et à cheval et devant des milliers de spectateurs, Biagio devra affronter une trentaine de cavaliers pour emporter la victoire.
