Entre deux permanentes et brushings, Carine reçoit celles et ceux qui viennent lui confier leurs peines de cœur. Adrien, 37 ans, célibataire depuis dix ans, entre pour la première fois dans le salon de coiffure et se voit proposer de décrire ses qualités et ses défauts dans une fiche de profil, « les défauts, ce n’est pas évident de les écrire », commente-t-il, et à inscrire les critères de la personne idéale qu’il souhaite rencontrer : « je veux une princesse qui m’aime », sourit-il.
Toutes sortes de personnalités franchissent le seuil de la coiffeuse du village. De tous les âges. En trois ans, ils sont près de cinq cents à être venus ici chercher l’âme sœur. Carine a la fierté d’avoir réussi à former cinquante couples. « Cela paraît peut-être naïf de dire cela en 2019, mais je veux croire au grand amour, le vrai, ce qui signifie la vérité des sentiments, la générosité et la fidélité », explique celle que ses clients surnomment affectueusement La Dame des cœurs.
Dans son petit salon se croisent des nouveaux venus, comme Thierry, arrivant de son Pays basque natal en revendiquant « son authenticité » qui l’empêche, dit-il, de faire de vraies rencontres amoureuses, et des habitués, comme Josette, septuagénaire rigolote et volubile qui se remet de son veuvage en cherchant « désespérément à ne pas être seule, parce que c’est trop angoissant ». L’un et l’autre finiront-ils par trouver l’âme sœur ? Plusieurs épisodes savoureux jalonnent leur recherche, filmés tout au long de ce documentaire avec pudeur et discrétion, nous faisant assister, sans voyeurisme mais « comme une petite souris » aux soirées-rencontres de célibataires organisées par la coiffeuse.
Il y a aussi Olivier, la cinquantaine, tellement réservé et timide qu’il n’ose jamais, malgré son physique avantageux, aller vers les femmes. « Mes sentiments ont tellement été malmenés sur internet que lorsque j’ai vu votre concept de mise en relations, je n’ai pas hésité, je suis venu tout de suite », dit-il à Carine, la coiffeuse, qui parviendra patiemment à le métamorphoser.
Enfin, nous assistons à l’incroyable rencontre entre Thierry et Yolande, qui vont se trouver lors d’une soirée du 14 juillet organisée par la coiffeuse, à laquelle ils étaient venus « sans trop y croire », soirée qui deviendra le point de départ d’une douce romance se prolongeant à présent par un projet de mariage.
Quant à Carine, la généreuse coiffeuse, trouvera-t-elle le prince charmant qu’elle aussi attend en secret ? Rien n’est moins sûr.
Filmé délicatement pendant dix-huit mois dans le secret de ce petit théâtre rural qu’est le salon de coiffure de Carine, La dame des cœurs est une fable sociale sur la douleur de la solitude, la perte de repères sentimentaux et le désir de trouver l’âme sœur. Mais c’est surtout un exceptionnel témoignage d’espoir, rempli de joie, pour tous les célibataires qui désespèrent de trouver l’amour.
