Maxim Romain, 41 ans, est le patron d’une des sociétés de trottinettes en libre-service qui ont envahi le bitume parisien. Son entreprise a connu un développement éclair, elle pèse aujourd’hui plus de 50 millions d’euros. « Il y a six mois on n’avait rien. On n’avait pas d’entrepôt. On n’avait pas de trottinettes… Maintenant, les gens, ma famille, ma mère, me prennent un peu plus au sérieux. » Son nouveau défi s’implanter à Lyon : mais la concurrence est rude. Sur place, déjà sept autres sont présentes. Pour réussir, Maxim va devoir se rendre jusqu’en Chine, où sont fabriquées la quasi totalités des trottinettes électriques du marché. Il nous fera découvrir les coulisses d’un phénomène mondial.
Mounim, 27 ans, lui aussi a tout misé sur l’étonnant succès des trottinettes électriques…mais il est loin d’être millionnaire. Il exerce un métier qui n’existait pas il y a seulement un an : « juicer », en français rechargeur de trottinettes. « Chaque nuit, je pars à la chasse aux trottinettes. Si j’arrive déjà à en ramasser une trentaine c’est déjà bien. » Le jeune homme est payé cinq euros par engin. Pour ce tarif il doit les embarquer dans sa camionnette, les brancher dans son garage en banlieue parisienne, puis les déposer à Paris avant sept heures du matin. Pour se lancer dans cette nouvelle activité, Mounim a emprunté des milliers d’euros. Mais dans le monde redoutable des juicers, personne n’est jamais à l’abri de tout perdre…
L’arrivée soudaine de ces nouveaux engins a aussi bouleversé la vie d’Isabelle Van Brabant. Cette pianiste à l’Opéra de Paris a été renversée par une trottinette électrique dans un jardin parisien. Résultat : des fractures multiples à la main, et des conséquences gravissimes pour elle. « Je n’ai plus de métier : un stop, arrêt sur images pour le moment. » Mais Isabelle veut transformer son accident en symbole. Elle mène désormais une croisade pour « rendre le trottoir aux piétons.
A Paris, la municipalité qualifie le phénomène de « bordel généralisé ». La mairie multiplie les initiative pour tenter d’endiguer l’invasion des trottinettes. Les usagers qui roulent sur le trottoir sont verbalisés. Des centaines de trottinettes garées sur les trottoirs sont embarquées à la fourrière.
Cette nouvelle guerre du bitume touche toutes les grandes villes de France.
A Lyon, les pompiers sont assaillis d’appels concernant les trottinettes électriques. Des accidents parfois terribles : « Le souci avec les trottinettes c’est qu’il y a pas de protection de l’humain. L’humain est tout de suite en contact avec l’obstacle. »
Pendant quatre mois une équipe de “Grands Reportages” a enquêté sur un phénomène inquiétant qui a transformé la circulation en ville…en guerre du bitume.