Un Français sur deux possède un animal de compagnie. Membre à part entière de la famille, on les gâte ! En 10 ans, le marché des animaux de compagnie a doublé. Agent d’animaux mannequins et influenceurs ou encore entrepreneur de pompes funèbres animalières, cette explosion fait naitre de surprenants métiers. Mais elle génère aussi trafics et élevages clandestins. Les animaux sont ainsi devenus la troisième source d’économie souterraine derrière les stupéfiants et les armes.
Pendant plusieurs mois une équipe de "Reportages découverte" a mené l’enquête sur ce juteux marché aux dérives nombreuses.
A Paris, Lucas a fondé My pet agency, une agence d’animaux mannequins et influenceurs. Aujourd’hui, il gère la carrière de 1200 talents, dont certains comptent plusieurs millions d’abonnés sur instagram. « Les gens sont dingues de leur animal, ça crée de l’émotion positive et c’est exactement ça que recherchent les marques. En France, nous n’en sommes qu’aux débuts mais aux Etats-Unis ça marche très bien. Il y a des animaux qui gagnent entre 10 et 20 000 euros par post ». Pour trouver la nouvelle bouille qui fera fondre les marques, Lucas compte sur la Woof run, un festival pour chiens qu’il a imaginé. Il espère y attirer 10 000 visiteurs : « Je cherche des chiens qui ont vraiment une particularité physique, qui attirent l’œil et qui provoquent une émotion ».
Guillaume, lui, a fondé la première entreprise de pompes funèbres animalières de l’Oise : « Moi, je dis toujours qu'un animal, c'est comme un être humain. Alors nous, les êtres humains, on a un caveau, on a un monument, on a des super cérémonies. Ben voilà, moi, mon but, c'est de proposer de vraies cérémonies comme pour les humains… ». Il organise la crémation de chiens, de chats et même de lapins mais son rêve le plus cher est de créer son propre cimetière animalier... Et cela pourrait bien intéresser la commune voisine….
Victimes de trafic ou maltraités, Anne-Claire s’est jurée de secourir les animaux en souffrance. Pour ça, elle a créé Action Protection Animale, une association spécialisée dans les saisies judiciaires d’animaux. Elle devra notamment sauver une trentaine de chats livrés à eux-mêmes dans un appartement insalubre et mettre à l’abri des American Bully, une race à la mode qui se négocie autour de 1200 euros sur internet. Elle interviendra aussi dans le Nord-Pas-de-Calais sur une perquisition judiciaire, pour démanteler un élevage clandestin et sauver une vingtaine de chiens maltraités. « Ça fait deux ans et demi maintenant que l’association a été créée et aujourd’hui, on doit être à un peu moins de 2000 animaux saisis. Dans 90% des cas, il y a des sanctions pénales. Elles ne sont pas toujours à la hauteur de ce qu’on espère mais il y en a de plus en plus et c’est en judiciarisant ces infractions que les magistrats seront amenés à les rencontrer davantage et à être un peu plus sévères avec les auteurs de mauvais traitement…».
Virgile et Lola, eux, travaillent pour One voice, une association spécialisée dans les enquêtes. L’un de leurs collaborateurs s’est infiltré pendant plusieurs mois dans un refuge pour animaux abandonnés, soupçonné de trafic et de maltraitances. Selon l’association les images sont accablantes, les conditions sanitaires déplorables : chiennes reproductrices enfermées nuit et jour dans des cages à lapin : « Ce sont vraiment des petites cages contigües, elles n’ont rien pour s’isoler, elles peuvent à peine se tourner en fait…». Pourtant, depuis 40 ans, le propriétaire n’a jamais été inquiété par la justice. En poursuivant l’enquête, Virgile et Lola espèrent faire réagir les autorités : « On va se rendre sur place et on espère récolter de nouveaux éléments qui pourraient servir à appuyer la plainte, qui pourraient nous aider à faire enfin condamner cette personne, à lui interdire de détenir des animaux. »