Cette série inédite en huit épisodes de "13h15 le dimanche" propose une aventure épique, hors du commun, dans le Grand Nord. Une expédition vers l’un des plus grands glaciers du Groenland : le glacier Petermann.
Alors que la COP 28 vient de s’ouvrir à Dubaï, l’enjeu de la fonte des glaces est plus que jamais au cœur des débats. Direction le Grand Nord, pour une expédition vers l’un des plus grands glaciers du Groenland. Le glacier Petermann est un monstre solitaire, un désert blanc de 70 kilomètres de long, 20 kilomètres de large, qui détient peut-être les clés de notre avenir.
A la tête de cette expédition, Eric Rignot, un glaciologue franco-américain qui collabore avec la NASA et se lance dans une expérience qui n’a encore jamais été tentée à l’extrême Grand Nord : introduire un sous-marin capable de plonger dans les eaux du fjord pour comprendre ce qui se passe "sous la glace".
Pendant deux ans, les équipes de "13h15 le dimanche" ont suivi Eric Rignot et ses compagnons d'aventure dans sa "lutte des glaces". Quel impact ces découvertes pourraient-elles avoir pour notre avenir ?
Épisode 1 Piège de cristaux
Qaanaaq est le village le plus septentrional du Groenland. Au-delà, il n’y a plus personne. Et c’est vers ce désert blanc que la petite équipe, emmenée par Eric Rignot, s'est dirigée. La veille du départ, le glaciologue a publié un article scientifique repris en boucle par CNN. Il y explique que les interactions entre les eaux océaniques et le glacier Petermann sont bien plus importantes qu’on ne le pensait jusqu’ici, et que la ligne d’échouage, cette zone où le glacier cesse de reposer sur la terre pour flotter sur les eaux, évolue avec les marées. Les eaux chaudes de l’océan vont donc ronger le glacier à sa base, sur des dizaines de kilomètres. Il va peut-être falloir doubler toutes les projections de fonte établies jusqu’ici.
C’est précisément pour s’en assurer sur le terrain qu'Eric Rignot et son équipe volent vers le glacier Petermann, à 400 kilomètres au nord du dernier village groenlandais. Leur ambition est d’y introduire un robot sous-marin capable de plonger dans les eaux du fjord pour cartographier la cavité glaciaire et les épaisseurs de glace. Une expérience que personne n’a jamais tentée ici.
Épisode 2 Yellow Submarine
L’équipe scientifique a fini par trouver de l’eau à 40 centimètres sous la glace, dans un immense rift au cœur du glacier où les blocs de glace jouent et s’affrontent. C’est l’emplacement idéal pour tenter d’y plonger le sous-marin, un robot conçu par une entreprise italienne dans la banlieue de Gênes. Il constitue le véhicule idéal pour y greffer un sonar capable de cartographier à 360 degrés par ondes électroacoustiques. Aucun sous-marin habité ne pourrait s’aventurer sous le Petermann car il lui serait impossible d’y faire surface.
Tendu, Eric Rignot quitte la tente pour accueillir ses étudiants à l’autre bout du glacier. Ils y réaliseront des analyses radar des épaisseurs de glace. Nolwenn, l’ingénieur et le technicien de la mission, veille à la première plongée. Tout semble fonctionner, à ceci près que le sous-marin ne parvient pas à plonger au-delà de 63 mètres. À cette profondeur, l’eau douce, issue de la fonte, cède la place à de l’eau salée venant de l’océan et dont la densité est bien différente. Pour couronner le tout, une gangue de cristaux se forme autour des hélices du sous-marin...
Épisode 3 Question à choix multiples
L'équipe scientifique est de retour au glacier Petermann, où une mission importante se prépare : il s’agit d’aller poser au plus près de la ligne d’échouage des radars utilisant des techniques interférométriques afin de mesurer l’épaisseur de la glace au millimètre près. Mais le terrain est mauvais. A tout moment, une crevasse peut engloutir les chercheurs, il va falloir se montrer prudent.
Resté au campement des étudiants pour la nuit, Eric Rignot n’est pas encore levé, il est fatigué et fiévreux. Or, l'équipe a trois heures pour installer les radars. Au prix d’une lutte incessante avec leur véhicule et les éléments, les scientifiques parviennent à installer un radar AP Raize. Les résultats ont déjà été envoyés et traités et on observe que l’épaisseur de glace diminue ici de 40 mètres par an. Dans ces régions septentrionales, c’est bien la preuve que la fonte opère en profondeur. Eric Rignot avait vu juste.
Épisode 4 Un changement radical
Eric Rignot et son ami Didier, le guide de l’expédition, sillonnent le fjord glacé d'Ilulissat à bord d’un bateau à moteur. Slalomer entre ces icebergs gigantesques dans la baie de Disko est l’attraction la plus célèbre au Groenland. Malgré la beauté du spectacle, le glaciologue souligne le grand danger qu’il y a à s’approcher trop près. Les icebergs peuvent casser d’une seconde à l’autre et exploser en projectiles capables de transpercer le navire. Le Petermann, lui, s’est brisé il y a dix ans, faisant naître un iceberg grand comme deux fois l’île de Manhattan.
Dans le Tennessee, près de Nashville, Eric Rignot se rend au ranch de son ami Al Gore qu’il avait invité au Groenland il y a quelques années. L’ancien vice-président américain s’enthousiasme pour un nouvel outil qui va permettre d’identifier les plus gros pollueurs de la planète. Les industries pétrolières et gazières émettraient ainsi trois fois plus que ce qu’elles prétendent. Le monde a désormais toutes les cartes en main pour atteindre la neutralité carbone mais il va falloir se préparer à un changement radical pour y parvenir.
