Ils sont 2 700 en France. Au service de la justice depuis 1978, ils traitent bénévolement chaque année plus de 160 000 dossiers tels que les querelles de voisinage, les dettes entre personnes, les problèmes de baux d’habitation, les malfaçons d’artisans…. Grâce à eux, plus de 80 000 litiges du quotidien trouvent une solution à l’amiable. Les conciliateurs sont la première marche de la justice. Ils assurent à la fois le désengorgement des tribunaux et la paix sociale. Pourtant, leur fonction reste méconnue.
Dans cette série en trois épisodes, les équipes de Grands Reportages ont suivi dans toute la France sept conciliateurs et conciliatrices dévoués qui donnent temps et énergie pour trouver des solutions aux tracas du quotidien.
Épisode 1
Pascale Ducrozet est une nouvelle venue parmi les conciliateurs. Elle n’exerce que depuis quelques mois au tribunal de Nantua, au pied du Jura. Cette ancienne huissière aime aller vite et tente de résoudre ses dossiers en un seul rendez-vous. « En rencontrant les deux parties en même temps, j’évite de choisir mon camp ! » Malheureusement, certains dossiers ne peuvent se résoudre en un seul face à face et tournent même au feuilleton ! Surtout quand l’une des parties fait preuve de mauvaise foi, comme ce retraité, obsédé par le bruit d’une pompe à chaleur, qui harcèle ses voisins depuis des années.
Jean-Michel Veillot, lui exerce sa mission depuis plus de cinq ans. C’est l’unique conciliateur dans un rayon de 15 km autour de Chartres. Malgré ses 70 ans, il traite plus de 150 dossiers par an. Le retraité a dédié sa vie aux œuvres caritatives. Ancien scout, il a adhéré à la société de Saint-Vincent de Paul, à la Croix-Rouge, et emmené des enfants défavorisés en vacances avec sa famille… jusqu’à ce qu’il découvre la conciliation, « Une révélation ! » Pour lui, une conciliation réussie, ce sont deux acteurs réunis et une poignée de main sincère à l’issue du face à face. Mais parfois, « ça part en cacahuète » reconnait-il. Dans ces cas-là, il n'hésite pas à « taper du poing sur la table ».
L’autre figure de cet épisode est savoyarde… et dans l’univers de la conciliation, elle détone ! Plutôt que de régler les litiges dans sa permanence de Thorens-Glières, Marie Christine Chappuis privilégie le terrain : « Les gens aiment la proximité. On concilie où on veut finalement et c’est toujours plus agréable d’être dans la nature que dans un bureau » explique celle qui a prêté serment en 2020. Grâce à son ancienne activité de bénévolat au chevet des malades en fin de vie, elle a appris à traiter chaque dossier avec humanité et empathie : « La personne qui vient vous voir avec son problème, pour elle, c’est le problème le plus grave du monde, même s’il s’agit d’un simple abonnement téléphonique » explique celle qui a trouvé dans la conciliation « une nouvelle manière d’aider son prochain et de rendre service à son pays . »