
D’abord, beaucoup de grands souvenirs d’enfance ! C’était le rendez-vous incontournable de nos dimanches. On se réunissait, en famille, devant le poste. Et on guettait avec impatience le générique, avec ce chronomètre et cette petite phrase musicale qui sont, depuis, devenus cultes. J’étais déjà passionnée de sport, mais j’ignorais que je ferais un jour carrière dans ce domaine. A 15 ans, si je rêvais d’être journaliste, c’est clairement grâce à Stade 2.
Et en tant que sportive, quels souvenirs en gardez-vous ?
Je me rappelle la présence de Christian Quidet et de Pierre Fulla au bord du tatami, prêts à recueillir mes premières impressions après un combat. J’étais impressionnée par leurs connaissances et leur professionnalisme. Passer sur Stade 2, pour un sportif, c’est quelque chose ! J’ai eu l’honneur, par la suite, de travailler avec Pierre Fulla pour commenter les Championnats du monde de judo de 1995…
Stade 2 marque votre retour sur le service public où vous avez débuté votre carrière de journaliste sportive…
La mission omnisports de France Télévisions est essentielle pour moi, surtout dans un univers de plus en plus concurrentiel. C’est sur France 2, grâce à la retransmission du match Saint-Etienne / PSG en Coupe de la Ligue, qu’on a pu voir, gratuitement, Ibrahimovic à la télévision ! Bon, il se trouve que le PSG a perdu, donc plus d’Ibra gratos, mais tout de même…
Comment abordez-vous cette nouvelle mission ?
L’avantage d’avoir fait une carrière sportive de haut niveau, c’est que je n’ai aucune appréhension à relever de nouveaux défis. Je ne pense pas à l’échec. Je fixe mon attention sur l’objectif à atteindre. Je constitue mon équipe – il y a tout de même plus de cinquante journalistes présents toute l’année sur le terrain. Et je pars au combat. Je fonctionne à l’énergie, avec la ferme intention d’être force de proposition. Les mots d’ordre que je me fixe sont : ambition et culot ! J’aimerais que l’on retrouve, sur le plateau, la convivialité qui régnait à la grande époque de Roger Couderc et de Robert Chapatte, cette ambiance chaleureuse de discussion et de débats, avec une pointe d’impertinence, tendance poil à gratter.
Stade 2 est traditionnellement dévolu aux amateurs de sport comme au grand public. Comment concilier tous ces publics ?
L’émission a ses fidèles : environ 12 millions de téléspectateurs, plutôt masculins et sportifs. Le principe est, bien évidemment, de les garder à nos côtés, de consolider cette audience sans bousculer la ligne éditoriale, de leur présenter un bilan clair de la semaine écoulée, avec son lot de résultats et de performances à retenir. Mais Stade 2 sait aussi s’adresser aux néophytes et ouvrir le champ du sport à l’ensemble de la société. En présence d’un invité prestigieux qui ne parlera pas uniquement de sa discipline, l’émission s’articulera ainsi autour de nombreux reportages et enquêtes. A titre d’exemple, pour ma première, le 6 janvier, Stade 2 proposera un dossier complet sur le dopage qui dévoilera notamment la menace que représente l’aicar, cette substance en passe de devenir le nouveau cauchemar des autorités antidopage. J’ai également eu la chance de m’entretenir longuement avec Ian Thorpe, le nageur australien aux cinq titres olympiques, qui vient de signer une poignante autobiographie en anglais, forte de nombreuses révélations.
Stade 2 fait partie des émissions cultes du service public, reconnue comme le magazine omnisports le plus apprécié des Français (sondage L’Equipe de janvier 2012). Comment l’émission évolue-t-elle ?
Si Stade 2 a réussi à se maintenir à l’antenne pendant toutes ces années (37 ans !), c’est qu’elle a su rester en perpétuelle évolution. L’émission continue aujourd’hui sa mutation vers davantage de modernité, notamment grâce à l’ouverture d’un compte Twitter qui permettra aux téléspectateurs de réagir en direct, d’intervenir dans les débats, de poser leurs questions aux invités, etc. Dans la foulée de chaque édition, Patrick Montel, présent à mes côtés, jouera La Prolongation sur internet, un talk show dynamique diffusé sur francetvsport.fr en partenariat avec Dailymotion.
Le sport féminin semble davantage médiatisé à l’heure actuelle…
Si le sport se féminise, c’est que les performances des sportives justifient leur médiatisation. Soit dit en passant, je tiens à rappeler que France Télévisions n’a pas attendu que l’équipe de foot féminine se qualifie en Coupe du monde 2011 pour diffuser, sur France 4, le championnat de France de D1 féminine...
Dans ce cadre, comment vivez-vous le fait d’être la première présentatrice de Stade 2 ?
Je ne suis pas du tout dans le girl power. Je me considère avant tout comme journaliste, et l’on ne me fera tenir aucun rôle de porte-parole ni de faire-valoir. Je mesure toutefois ce que représente l’arrivée d’une femme à la présentation de Stade 2, dans ce milieu qui reste encore très masculin – mais certainement davantage par manque de candidates ou par découragement qu’à cause d’une forme de machisme absolu. Ce qui est sûr, c’est que les critiques ont tendance à être plus sévères envers les femmes. A moi d’être d’autant plus rigoureuse, bosseuse et vigilante !
Propos recueillis par Cyrille Latour, France 2