michel.drucker05Michel Drucker, qui a bien connu Serge Gainsbourg, présentera pour le vingtième anniversaire de sa mort une soirée spéciale en direct du Studio Gabriel samedi 19 février sur France 2. De nombreuses personnalités, qui l’ont connu ou non, y participeront. Toutes rendront à leur façon hommage au poète, peintre, acteur, chanteur, réalisateur et musicien Gainsbourg… qui a fortement marqué la scène artistique française de l’après 68.

Pouvez-vous nous parler de cette émission consacrée à Gainsbourg ?
Ce direct a été conçu pour que la jeune génération, à côté de l’ancienne, rende un hommage à Gainsbourg, à l’occasion de l’anniversaire de sa disparition. Car tout le monde aimait Gainsbourg. Nous accueillerons ainsi Benjamin Biolay, qui va chanter Sorry Angel, Camelia Jordana, qui va chanter Ces petits riens ou une autre chanson, Claire Keim, qui interprètera La Ballade de Johnny Jane, Elodie Frégé, Dieu est un fumeur de havanes, Grégoire, Elisa ou un autre titre. Jean-Louis Aubert va chanter Je suis venu te dire que je m’en vais ; avec Kad Merad, il reconstituera ensuite le duo que Serge avait formé avec Eddy Mitchell, pour chanter Vieille canaille, comme dans le passé ! Juliette Gréco viendra interpréter la chanson qu’elle a fait descendre dans la rue, qu’elle a popularisée, La Javanaise ; elle est la première grande interprète de Gainsbourg : c’est elle qui a fait le succès de cette chanson que Serge a reprise ensuite. Nolwenn Leroy va chanter Pull Marine que Serge avait écrit pour Isabelle Adjani. Pétula Clark va interpréter La Gadoue. D’autres chanteurs sont également prévus, comme Bernard Lavilliers, Patrick Fiori, Adamo, qui va chanter Le Poinçonneur des Lilas, Bénabar, La Chanson de Prévert, BB Brunes Qui est“ in”, qui est“ out”.

Nous accueillerons également des personnalités qui viendront évoquer Gainsbourg, comme Gilles Verlant, auteur du livre qui fait référence et qui est le grand spécialiste de Gainsbourg. Gilles a élaboré les magnétos thématiques qui seront diffusés au cours de la soirée (voir interview de Gilles Verlant). Le grand photographe des années 1960, Jean-Marie Périer, qui a publié tant de choses sur cette époque, sera également présent, ainsi que Philippe Manœuvre et Françoise Hardy. Nous avons aussi demandé à Patrick Sabatier de venir nous raconter les émissions qu’il a faites avec Serge, et qui faisaient le buzz de l’époque, notamment Le jeu de la vérité. Enfin et surtout, j'ai interviewé Jane Birkin ; elle sera un peu le fil rouge de l'émission.

Allez-vous évoquer aussi ce que Serge Gainsbourg a fait au cinéma ?
Bien sûr. Gainsbourg a fait chanter les autres ; il a fait des chansons absolument sublimes. Mais il était aussi un très bon acteur. Nous avons donc prévu quelque chose d’assez complet ; nous allons faire tout Gainsbourg, passer en revue toutes les vies de Gainsbourg. Car il a vécu dix vies ! Gainsbourg est entré dans l’histoire…

Vous avez bien connu Serge Gainsbourg. Comment l’avez-vous rencontré ?
J’ai connu Serge Gainsbourg par l’intermédiaire de la productrice Michèle Arnaud. Célèbre dans les années 1950 et au début des années 1960, Michèle chantait au Milord L’Arsouille, un grand cabaret de la rive droite, et avait comme pianiste un certain Serge Gainsbourg. Elle a lancé Serge, comme elle a aussi lancé Jean-Christophe Averty, Philippe Bouvard, comme elle a contribué à faire mieux connaître Guy Bedos, Sophie Daumier, Jean-Loup Dabadie… et le gamin de 22 ans que j’étais alors. Un jour, elle a su que Serge composait ; elle lui a demandé si elle pouvait voir ses chansons. Le lendemain il est revenu avec les paroles de La Javanaise et du Poinçonneur des Lilas. On connaît la suite ! Elle m’avait beaucoup parlé de Serge qui était souvent présent dans ses émissions. Entre 1965 et 1969, alors que j’étais reporter sportif, j’ai aussi fait une petite dizaine d’émissions de variétés avec Michèle, notamment Tilt Magazine. C’est à cette époque que j’ai connu Serge.

Etiez-vous proches ?
Nous étions tous les deux originaires d’Europe de l’Est et nous avions beaucoup de choses en commun, notamment cette femme qui nous avait lancés. J’ai connu l’époque Bardot. Comme il était souvent en retard, il fallait aller le chercher à la Cité des artistes… et savoir être convaincant pour le ramener sur le plateau où il était attendu ! C'est moi qui m'y collais ! Ensuite, il a rencontré Jane Birkin. Ils se sont croisés pour la première fois sur un plateau de télévision : j’étais là ! J’ai assisté à la rencontre entre Serge et Jane devant les caméras ! Je les ai vu chanter Comic Strip ensemble pour la première fois dans une émission que je présentais. C’est pourquoi j’ai conservé une relation très particulière avec eux et, aujourd’hui, avec Jane. Par la suite, à chaque fois que nous nous sommes retrouvés sur un plateau de télévision, ça n’est pas passé inaperçu ! J’ai en effet beaucoup reçu Serge dans mes émissions. Tout le monde se souvient notamment de cette séquence de Champs Elysées au cours de laquelle il fait part de son admiration à Whitney Houston, qui avait 19 ans à l’époque… d’une façon un peu particulière ! Serge aimait aussi se moquer de moi car je n’étais pas du tout un homme de la nuit. L’une des seules fois où je me suis laissé entraîner dans une boîte de nuit… c’était par lui ; il avait réussi cette performance ! Serge était vraiment un être fascinant et complexe.

C’était aussi un sacré provocateur…
J’ai préféré Gainsbourg à Gainsbarre. Le Gainsbarre des dernières années, celui qui multiplie les provocations à la télévision, qui donne l’image de quelqu’un qui ne boit pas que de l’eau, c’était le Gainsbarre malheureux. Ces dernières années, c’était toujours compliqué, parce qu’il montrait l’image de quelqu’un d’assez désespéré. Je regrette qu’une partie du public, qui n’a pas la culture « gainsbourienne », qui n’a pas suivi toute son histoire, ne connaisse que cette partie là, celle de Gainsbarre qui brûle un billet de 500 francs devant les caméras ou qui tient des propos peu courtois. Ça n’était pas lui. Le vrai Gainsbourg était quelqu’un d’absolument délicieux, de classieux, distingué, cultivé. C’était quelqu’un d’élégant… un esthète.

Propos recueillis par Françoise Payen, France 2


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