
Michel Drucker - J’ai contribué à la naissance des Molières en 1986, il y a 24 ans, lorsque mon frère Jean dirigeait Antenne 2. Georges Cravenne avait souhaité à l’époque créer une fête pour le théâtre, à l’image de celle qu’il avait faite pour le cinéma avec les César. Il m’avait demandé d’être le “go-between“, d’intercéder auprès du pdg d’Antenne 2 pour que l’on mette en place cette soirée. Il souhaitait une grande fête du théâtre tous les ans. Jean a été tout de suite “emballé” par ce projet car il aimait le théâtre. Il nous a fait confiance. Les Molières étaient lancés, même s’il n’est resté qu’un an à la tête de cette chaîne !
Puis, année après année, les Molières ont eu un parcours chaotique. J’ai une première fois décidé de faire une croix sur cette cérémonie. Il y a six ans, j’ai fait une tentative de retour car la Nuit des Molières avait lieu le 18 avril, jour du premier anniversaire de la mort de mon frère. Mais la soirée, qui se tenait au Théâtre des Champs-Elysées, a été à nouveau perturbée par des manifestations d’intermittents, sur fond d’affrontements entre théâtre public et théâtre privé. Elle s’est terminée à la chandelle et sans micro ! J’ai alors décidé de tourner la page définitivement.
Pourtant, vous revenez avec votre nièce Marie Drucker, fille de Jean, présenter cette 24e cérémonie des Molières. Pourquoi ?
Michel Drucker - J’ai finalement accepté de présenter cette 24e nuit des Molières car elle se tient le 25 avril, date qui correspond pratiquement au jour anniversaire du décès de Jean. Et Marie, sa fille, a accepté d’animer la soirée avec moi : c’était une condition. Marie avait 10 ans à l’époque de la création des Molières. Elle a aujourd’hui l’habitude de ce genre de manifestation puisqu’elle présente les Victoires de la musique classique. Et je sais qu’elle aime le théâtre, qu’elle y va beaucoup.
J’ajouterai que, en quelques années, le théâtre a pris plus d’importance dans la famille. Léa Drucker, mon autre nièce, est aujourd’hui une comédienne reconnue. Ma belle-fille, Stéphanie Jarre, que je considère comme ma fille, est décoratrice et a conçu le décor de la pièce qui sera jouée. Jérôme Revon et Stéphane Gateau, avec qui j’ai beaucoup travaillé ces dernières années, réaliseront et produiront l’émission. Jean-Luc Moreau, qui est le réalisateur des premiers Molières et pour qui j’ai beaucoup d’admiration, met en scène la courte pièce de Feydeau qui va ouvrir la soirée.
Pour ma part, je continue à recevoir dans mes émissions, Vivement Dimanche à la télévision et Studio Europe 1 à la radio, tout ce que le théâtre compte d’acteurs prometteurs ou confirmés.
Voilà ! Tous ces éléments se sont conjugués et m’ont convaincu d’accepter. Je voulais en outre remercier Patrick de Carolis et Patrice Duhamel qui, ces dernières années, ont redonné au théâtre une place qu’il n’avait plus à la télévision, notamment aux heures de grande écoute. Enfin, j’ai accepté à la condition de pouvoir rendre, seul ou avec Marie, un très court hommage à son père. Il y aura donc pour moi, ce soir-là, quelque chose de très affectif, de très sentimental.
Que signifie pour vous Marie cette cérémonie des Molières ?
Marie Drucker - Les Molières, tout comme les Victoires de la musique classique que je présente sur France 3, tous les ans depuis six ans, s’inscrivent en parfaite cohérence avec la mission de service public de France Télévisions. La diffusion de ce type de soirée à des heures de grande écoute sur France 2 est tout à son honneur. Elle a en outre un sens dans la mesure où cette chaîne a réalisé des audiences exceptionnelles avec sa politique de théâtre en direct. Une vraie place a ainsi été redonnée au théâtre sur les antennes du service public. Je suis, dans ce contexte, particulièrement fière de présenter cette cérémonie aux côtés de Michel.
Vous avez déjà présenté une émission ensemble. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Marie Drucker – C’est effectivement la deuxième fois que nous co-présentons une émission. La première était une émission sur la Méditerranée présentée depuis l’Institut du Monde Arabe en mai dernier. Présenter une émission avec Michel est toujours très intéressant et très émouvant car Michel est mon oncle et il est un grand professionnel de la télévision. Je suis donc doublement fière de cette nouvelle animation que nous allons effectuer ensemble, surtout pour une cérémonie prestigieuse comme celle-ci !
De plus, cette 24e Nuit des Molières change complètement de physionomie…
Michel Drucker - Il y aura en effet beaucoup de changements. La soirée se déroulera au théâtre de Créteil, un lieu décentralisé et moderne. Par rapport aux éditions précédentes, sa durée sera raccourcie et, surtout, elle va débuter par une présentation de théâtre vivant ; cela n’avait jamais été fait.
Line Renaud en sera la marraine. C’est elle qui, après la représentation, va déclarer ouverte la 24e Cérémonie des Molières et, ensuite, nous allons aller très vite. Nous allons rendre hommage aux comédiens disparus en écoutant une chanson de Jean Ferrat. Marie et moi annoncerons les pièces et comédiens en compétition dans toutes les catégories et remettrons les récompenses aux lauréats. Il n’y aura pas de remettants. La soirée va ainsi s’achever beaucoup plus tôt qu’avant. Et puis il y aura quelques surprises...
Donc, tous les ingrédients d’une soirée réussie !
Michel Drucker - Oui, car nous allons présenter une soirée de théâtre avec des récompenses et des comédiens de théâtre qui font leur métier. Cette soirée aura lieu un dimanche soir, lorsque les théâtres font relâche. La pièce de Feydeau, Feu la mère de Madame, est une pièce légère et amusante. Patrick Chesnais, récompensé l’année dernière, en tiendra le rôle principal et sera entouré d’excellents comédiens, également récompensés dans le passé : Christine Murillo, Emmanuelle Devos, Sébastien Thiéry... Elle durera 45 minutes et donnera du rythme à la soirée. Du côté des récompenses, j’ai vu les nominés ; il y a beaucoup de très bons comédiens, Anny Duperey, Robert Hirsch et beaucoup d’autres. Toutes les conditions seront donc réunies pour que la soirée soit réussie et soit un succès.
Propos recueillis par Françoise Payen, France 2