Classé parmi les dix plus grands carnavals du monde, le carnaval de Dunkerque est le plus célèbre de France. C'est aussi l'un des plus surprenants. De janvier à mars, près de 200 000 « carnavaleux », déguisés, maquillés et grimés, se succèdent lors d'une immense fête populaire devenue une institution au pays des Ch'tis.
Défilés, cortèges, fanfares, bals, attractions diverses… pendant plusieurs semaines, toute la ville de Dunkerque se transforme en un immense chaudron de couleurs, de musiques et d'extravagances qui contraste avec la grisaille hivernale. Une tradition qui remonte au début du XVIIIe siècle, lorsque les marins s'apprêtaient à rejoindre les eaux froides islandaises pour pêcher la morue. Incertains de revenir vivants, ils faisaient la fête plusieurs jours, sans relâche ni retenue, avant de prendre la mer. Depuis, le carnaval de Dunkerque n'a jamais manqué son rendez-vous. Et les traditions de grande fête folklorique où tout est permis - sans distinction d'origine sociale, ethnique ou religieuse - sont plus que jamais respectées. Point d'orgue du carnaval, « le défilé des trois joyeuses » (du 11 au 13 février), et notamment le traditionnel « jeté de harengs » qui rassemble 50 000 personnes sur la place de la mairie. 500 kilos de poissons sont ainsi lancés du balcon de l'hôtel de ville de Dunkerque, provoquant d'incroyables mouvements de foules !
Durant les défilés, tout le monde se mélange. Fréderic, l'ouvrier à la chaîne déguisé en comtesse excentrique, danse avec Nathalie, notable réputée de la région (notaire de profession), grimée en petit diable. Le carnaval, mené par le fameux Tambour Major, attire aussi les étudiants des environs et même des « provinciaux » du sud de la France, venus spécialement découvrir les étranges rituels des gens du Nord et s'enivrer de ce vent de folie qui souffle sur la région !
Mais le carnaval a une autre facette. Du matin au soir, l'alcool coule à flot. Si l'esprit et l'ambiance restent « bon enfant », les débordements se multiplient. Comas éthyliques, malaises, contusions, traumatismes et dégradations diverses… Pour les prévenir ou les traiter, pompiers, urgentistes, policiers et sociétés privées sont sur le qui-vive 24 heures sur 24 pendant ces trois mois de festivités.
Ce soir, immersion dans l'événement le plus populaire, le plus étonnant et le plus « déjanté » du nord de la France.
