Depuis quelques années, la livraison à domicile est devenue le mode de consommation préféré des Français. En ville ou dans les campagnes, on commande sur Internet et on se fait livrer, toujours plus vite. Une méthode simple et bon marché.
En France, il existe environ 80 000 livreurs. À vélo, en scooter et même en triporteur, ils roulent jour et nuit, pour quelques euros par course. La plupart choisissent, souvent par obligation, le statut d'autoentrepreneur. Un système qui leur offre une liberté totale. En contre-partie, difficile pour eux de gagner correctement leur vie, à moins de prendre tous les risques et de travailler comme des forcenés.
Beaucoup de ces livreurs sont sans papier et travaillent donc illégalement, sans la moindre assurance. C’est le cas de Mamadou, un Ivoirien de 32 ans. Comme lui, nombreux pédalent à la chaîne pour un système qui peut rapporter gros aux compagnies spécialisées mais qui peut coûter la vie aux livreurs.
Vous ferez la connaissance de Mohammed : en Juillet 2022, il est victime d’un accident de la route lors d’une livraison. Laissé pour mort sur le bitume, il sera finalement sauvé après plus d’un mois d’hospitalisation. Des frais de santé colossaux et un arrêt de travail que la société pour laquelle il travaille refuse d’indemniser.
Ces dernières années, la livraison à domicile a même pris un nouvel envol, avec la création des « Dark Stores » et « Dark Kitchens », en français, des magasins ou des cuisines « fantômes ». Installées au pied des immeubles, ces nouvelles enseignes promettent de livrer vos courses et vos repas en moins de 30 minutes. À leurs abords, c’est un ballet infernal : des livraisons, avec le bruit des scooters jusqu’à 2 heures du matin et la valse des camionnettes au petit matin. De nombreux riverains se plaignent des nuisances insupportables et des méthodes d'installation expéditives. À bout, certains finissent par déménager.