Un Français sur trois souffrirait du bruit. Trafic routier, ferroviaire, chantiers, usines, bars musicaux ou simplement des voisins bruyants, les motifs ne manquent pas. Le Code de la santé publique prévoit pourtant qu’« aucun bruit ne doit porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé” que ce soit en ville, ou à la campagne. Mais bien souvent, les victimes de nuisances sonores doivent mener un combat acharné et très long pour que la situation change.
Pendant plusieurs mois, "Reportages découverte" a suivi partout en France des françaises et des français qui mènent une « guerre du silence ».
À Andrézieux, près de Saint-Etienne, le chant des oiseaux n’est plus qu’un lointain souvenir pour Nicolas Guinand et sa famille. « Moi, j'adore jardiner, si c’est pour entendre ça en étant normalement tranquille dans mon jardin. C’est tellement impressionnant qu’on ne peut pas faire abstraction. Ça nous gâche la vie, le moral, la santé certainement aussi ». La source de cette nuisance qui lui gâche la vie se trouve juste derrière sa haie, à moins de 50 m du potager. Une entreprise de recyclage de métaux s’est installée il y a 2 ans sur 3 hectares à ciel ouvert… Au total, près de 200 familles subissent chaque jour le vacarme des grues qui brassent en continu des centaines de tonnes de métal.
Cela fait 7 ans que Philippe Boibleau se bat contre le bruit du TGV Paris-Bordeaux qui passe 70 fois par jour sur sa propriété. « Quand on va se promener, on va voir ses animaux et que toutes les 10m on entend un bruit intrusif, agressif, ça perturbe, on est perturbé, je le ressens comme ça. » L'agriculteur charentais s’est allié à d’autres riverains de la ligne pour réclamer une compensation financière. Le tribunal de Bordeaux tranchera-t-il en leur faveur ?
Comme dans de nombreuses grandes villes, c’est le bruit festif qui pose problème aux Parisiens. En 10 ans, les terrasses se sont multipliées dans la capitale, Rosella et Cyril Froissart vivent dans le 18ème depuis 25 ans, mais leur quotidien est devenu un enfer à cause des terrasses. « C’est devenu une obsession, on y pense tous les jours ». Casque de chantier pour travailler, réaménagement de leur appartement, manque de sommeil, le couple ne sait pas vers qui se tourner et envisage aujourd’hui de changer de quartier.
Arzak Chackri, lui, est de l’autre côté de la barrière… Du côté de ceux à qui on reproche de faire du bruit, mais qui estiment ne faire que leur travail. Arzak tient un bistrot historique dans le 10ème arrondissement de Paris. Cela fait trois ans que ses voisins se plaignent du bruit. Le restaurateur a écopé de pas moins de 5 fermetures administratives à cause des nuisances sonores et pourrait bien mettre la clé sous la porte. « Évidemment, il y a des éclats de rire mais on ne va pas dire aux gens d'arrêter de rigoler, c’est pas possible ! » Arzak va tenter de plaider sa cause auprès de la Préfecture qui réglemente le bruit dans la capitale.
Dans les collines proches de Marseille, c’est contre les coups de feu d’un stand de tir en plein air que Jocelyne Buffy se bat. « C’est terrible, les petits font la sieste donc il faut les protéger ». En plus du bruit, il y aurait également quelques balles perdues dans les jardins, un argument qui pourrait peser dans la balance en faveur de la retraitée et des riverains qui sont vent debout contre le stand de tir.
De Paris à Marseille, en passant par la banlieue de Saint-Etienne et la Charente, "Reportages découverte" est allé à la rencontre de ces français pour qui l’enfer… C'est le bruit !