« Bachar, le maître du chaos », mardi 1er juin sur France 5

Mis en ligne par Jean-Marc VERDREL mardi 11 mai 2021 6822
« Bachar, le maître du chaos », mardi 1er juin sur France 5

A découvrir mardi 1er juin à 20:50 sur France 5 dans “Le monde en face” le documentaire « Bachar, le maître du chaos » réalisé par Antoine Vitkine.

Le 26 mai 2021, ont lieu les « élections » présidentielles syriennes, qui verront sans surprise la reconduction de Bachar el Assad au pouvoir. Ce documentaire retrace le parcours du dictateur syrien, et nos relations avec le dirigeant d’un pays qui se trouve aujourd’hui dans une situation critique.

« Assad a été très efficace pour mener son conflit à un point où on doit choisir entre son régime et les pires des terroristes. » (Philip Gordon, conseiller de l’Administration Biden)

« Même si les États-Unis, la France, la Russie et l’Iran s’unissaient pour le faire partir, il ne partirait pas. » (Firas Tlass, ancien proche d’Assad)

Cela fait dix ans que dure la guerre en Syrie. L’enjeu de ce conflit, le plus important du XXIème siècle, le plus brutal, pourrait se résumer ainsi : le maintien au pouvoir d’un homme de 54 ans, à l’allure de cadre supérieur. Au terme de dix années d’un conflit mêlant guerre civile, djihadisme, guerre régionale et internationale, Bachar El Assad est toujours au pouvoir. Qui aurait cru que 10 ans après le début d’une révolte née des « printemps arabes », l’ancien étudiant en médecine qui ne voulait pas du pouvoir, règnerait toujours sur son pays ? Comment Bachar a-t-il sauvé, pour le moment, son trône ? Et quel est son avenir ? Comment a-t-il tenu l’Occident en échec ? Quels sont, pour nous, les enjeux de cette guerre sans fin ?

Ce documentaire raconte le parcours du dictateur et la manière dont il mène sa guerre pour rester au pouvoir. Des témoins exceptionnels parlent parfois pour la première fois, parmi lesquels un ancien homme de confiance, un ancien ministre ou son actuelle conseillère. Ce film dévoile aussi les coulisses de la bataille géopolitique dont la Syrie est l’objet, depuis dix ans, grâce aux confidences d’anciens conseiller de Barack Obama, Donald Trump, Joe Biden, Vladimir Poutine ainsi que de diplomates et d’anciens ministres français.

Tourné en Syrie, aux Etats-Unis, en Russie, aux Emirats et en France, le documentaire « Bachar, Moi ou le chaos », avait été diffusé sur France 3. Il fait aujourd’hui l’objet d’un nouveau tournage, avec des témoins supplémentaires, et d’un nouveau montage, pour recentrer le film sur la décennie de la guerre et prendre en compte l’actualité des dernières années.

Témoins du film : Claude Guéant (ancien ministre de Nicolas Sarkozy), Laurent Fabius (ancien ministre de François Hollande), Michel Duclos (ancien ambassadeur en Syrie), Michael Flynn (ancien conseiller de Donald Trump), John Bolton (ancien conseiller de Donald Trump), Philip Gordon (ancien conseiller de Barack Obama, conseiller de l’Administration Biden), Robert Ford (ancien ambassadeur américain en Syrie), Boutheina Shaaban (actuelle conseillère de Bachar el-Assad), Firas Tlass (ancien homme de confiance de Bachar el-Assad), Riad Agha (ancien ministre), Samir AlTaqi (ancien conseiller), Mazen Darwish (opposant), Ayman Abdelnour (journaliste), Mikhail Bogdanov (représentant de Poutine pour la Syrie).

Résumé du document

« Jamais un dictateur d’un si petit pays n’a autant pesé sur les grands défis de notre époque. Le terrorisme qui nous frappe, la crise des réfugiés, la stabilité du Moyen-Orient, nos relations avec la Russie : tout cela passe par lui. »

Bachar el-Assad n’avait pas prévu de succéder à son père. Ophtalmologue, formé à Londres, Bachar devient président de la Syrie en 2000, suite à la mort de son frère aîné et hérite des alliés traditionnels de son pays, la Russie et l’Iran.

En 2008, après quelques années de brouilles, il tente de se rapprocher de la France et des États-Unis. Il y parvient en 2010, suscitant un sentiment d’invulnérabilité de sa part, alors qu’il doit faire face au soulèvement de son peuple, quelques mois plus tard… Des premières manifestations spontanées ont lieu en 2011. Bachar décide d’envoyer l’armée syrienne contre son peuple… c’est le début d’une guerre cruelle. Les rebelles s’arment, déclenchant une escalade de la violence.

En 2012, Bachar el-Assad contrôle moins de la moitié de son territoire, l’Occident pense le régime syrien fini. Mais le dictateur multiplie les crimes de guerre, face aux Nations Unies impuissantes, contraintes à l’immobilisme par la Russie. Les attaques chimiques de 2013 et 2014 restent impunies, l’Occident craignant que, si Bachar tombe, le chaos survienne. Une crainte dont Bachar el-Assad a bien décidé de se servir. Il fait savoir au monde entier que ce sera lui ou le chaos. Il se présente ainsi comme le seul rempart contre l’État islamique et les djihadistes qui gagnent en puissance, à la faveur de l’enlisement du conflit.

En 2015, l’armée russe intervient massivement sur le territoire syrien, au prétexte de combattre Daesh. L’armée de Bachar el-Assad récupère de nombreux territoires syriens perdus, dont Alep, capitale éphémère d’une Syrie libre. Dans les années suivantes, grâce à l’aide de la Russie et de l’Iran, jouant de l’impuissance occidentale, ou des errements de Donald Trump, Bachar el Assad regagne peu à peu le contrôle de son pays.

Si, en 2021, il a gagné la guerre, il lui faut asseoir sa domination sur un pays détruit, dont 12 millions d’habitants ont été déplacés et un demi-million sont morts. Une nouvelle bataille géopolitique s’engage, dont sont parties prenantes l’Europe, la France, les Etats-Unis, la Russie, l’Iran et les pays de la région. Bachar el Assad espère en tirer profit. « Je ne doute pas qu’il essaye à nouveau de se rapprocher du gouvernement américain, ils ont déjà commencé », confie Robert Ford, ancien ambassadeur en Syrie.

Après la diffusion du documentaire, Marina Carrère d'Encausse proposera un débat en plateau.