Anne Parillaud parle de son rôle dans “H24” à partir du 3 février sur TF1

Mis en ligne par Jean-Marc VERDREL dimanche 26 janvier 2020 3274
Anne Parillaud parle de son rôle dans “H24” à partir du 3 février sur TF1

Pour son premier rôle récurrent à la télévision, Anne Parillaud s’est glissée avec délectation dans la peau de Gabrielle, infirmière en chef du service des urgences. Un personnage déroutant qu’elle a aimé façonner en s’inspirant de son expérience inoubliable au sein d’un vrai hôpital.

Vous interprétez pour la première fois un personnage récurrent dans une série. Qu’est-ce qui vous a séduite ?
J’ai fait peu de télévision par le passé mais ces derniers temps, comme le théâtre que j’ai découvert l’année dernière et l’écriture de mon roman, j’avais très envie de participer à une série. Cela correspondait à mon désir de mise en abîme et mon souhait de vivre des émotions nouvelles. Mais je voulais trouver une série qui ait du sens pour moi. Dans tous mes projets, j’ai besoin de marier forme et fond, même s’il s’agit de divertissement. C’était le cas avec H24 ! Cette série me permettait de me plonger dans le périlleux métier des infirmières urgentistes et, à travers elles, dans les problèmes liés à l’hôpital. Ces femmes ont des vies compliquées, malmenées, et bénéficient la plupart du temps d’une maigre reconnaissance au regard de ce qu’elles sacrifient aux autres. Et même si l’univers médical nous est souvent familier, nous ne connaissons pas ses coulisses. J’avais envie de l’explorer. Il me permettait un rappel à la réalité humaine, sa souffrance et sa misère. Mais aussi, au psychisme abîmé qui me passionne. C’était un terrain favorable à l’observation et à la réflexion du genre humain, du côté des souffrants autant que des soignants.

Comment définiriez-vous Gabrielle ?
Elle est indéfinissable car secrète et à multiples facettes. Autoritaire mais fragile, froide mais sensible, subversive mais consciencieuse, un peu tout et son contraire. Elle est dans les excès et donc peu équilibrée. C’est une personnalité rock, dans le sens où elle ne se soumet ni aux règles, ni aux normes malgré le sérieux dont elle fait preuve dans son travail et sa position au sein de l’hôpital. Ne se préoccupant nullement de l’avis des autres, elle est authentique. Mais derrière son apparence sévère, je tenais à lui apporter de la fragilité. Ce décalage entre ces deux facettes traduit une vérité humaine touchante qui me séduit. J’aime les personnages polymorphes. J’ai d’ailleurs souvent incarné des femmes en apparence fortes mais mues par des failles et extrêmement fragiles à l’intérieur. En cela, Gabrielle me ressemble un peu.

Comment vous êtes-vous préparée pour incarner cette infirmière ?
Je n’ai pas voulu regarder la série originale pour ne pas être influencée. Surtout, il paraît que le personnage de Gabrielle est l’un des moins fidèles à la série finlandaise. J’ai suivi un stage de quelques jours en immersion totale dans un hôpital qui m’a captivée autant que troublée, guidée par une cheffe de service formidable humainement et professionnellement. Le premier jour, j’étais électrisée ; le deuxième, bouleversée. J’ai eu l’occasion de partir en SMUR, d’assister à des opérations au bloc opératoire, de suivre l’arrivée d’un cas psychiatrique... J’ai vu un précipité de misère humaine qui m’a permis de nourrir mon personnage et vécu des moments inoubliables. J’aimerais vraiment y retourner ! J’aime être immergée dans la vie de mes personnages. En tant qu’actrice, c’est une chance de pouvoir pénétrer dans des univers fermés et j’en profite pleinement. Très vite, je me passionne pour ce que je suis en train de vivre de manière assez égoïste, en oubliant le but de ma venue. Cela me permet de m’imbiber d’une vérité et d’arriver sur le tournage avec une virginité, comme si c’était la première fois à chaque fois. J’aime ressentir cette innocence, cette fraîcheur et cette ouverture face à ce que je vais vivre pour ne rien m’interdire.

Qu’avez-vous retenu de cette expérience pour votre rôle ?
J’ai été bluffée par le dévouement des infirmières, peut-être plus que par celui des médecins qui doivent parer au plus pressé. L’infirmière qui m’a guidée m’a extrêmement touchée. J’ai cherché à retranscrire ce que j’avais vu chez elle : une humanité, une bienveillance et une générosité formidable. Malgré ses années de travail à l’hôpital, elle n’était ni blasée ni désabusée et gardait constamment un sourire, une patience et une gentillesse absolue. J’ai aussi été impressionnée par le rire et la joie qui émanaient des infirmières au milieu d’un tel désordre. Il ne s’agit ni de recul ni de désintérêt, mais elles s’autorisent une légèreté qui m’a étonnée et que j’ai voulu traduire. Je crois d’ailleurs que ça a été le cas pour nous toutes.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
Trouver la crédibilité de mon personnage d’infirmière et prendre le temps d’être juste dans le langage, les gestes, le comportement médical n’était pas toujours compatible avec l’urgence dans laquelle les scènes sont tournées. Mais j’ai trouvé des similarités entre la préparation d’une actrice pour sa journée de tournage et celle d’une infirmière pour sa journée de travail grâce à la routine de la vie : se réveiller tôt, passer aux vestiaires mettre sa tenue, prendre place à son poste, dire bonjour à l’équipe, voir les dossiers et visiter les malades. Cette répétition quotidienne favorise l’incarnation et le plongeon dans le réel malgré la fiction. Je serai ravie de tourner une saison supplémentaire. C’est étrange mais je me suis vraiment habituée à ce rythme : ça me manque de ne plus aller à l’hôpital tous les jours !

Avez-vous facilement trouvé votre place au milieu des trois autres héroïnes ?
Nous sommes toutes très différentes et cela m’a aidée à trouver ma place. Nous avons des méthodes de préparation et de concentration personnelles. Il faut à la fois s’y confronter, les respecter et s’y adapter. C’était très intéressant. Mes partenaires, femmes et hommes, sont tous des habitués de la télévision alors que je viens de l’école du cinéma. Le rythme plus intense demande une grande malléabilité et d’être opérationnel immédiatement. J’ai aimé cette urgence qui s’accorde avec le métier d’urgentiste. Je m’en suis servie. Deux réalisateurs se sont succédé. Cette donnée, totalement nouvelle pour moi, m’a surprise et un peu perturbée. Mais là aussi, répondre à cette versatilité permet de stimuler et d’affuter son jeu d’acteur. La série est une excellente école. Et j’ai été agréablement surprise par l’exigence et la qualité de ce plateau de télévision. Je m’émerveille constamment et j’aime les gens comme moi. Or, qu’il s’agisse de la chaîne ou de la production, j’ai senti cet enthousiasme et ce désir commun de donner le maximum. Tout le monde était très excité. Je pense que ces dernières années, le travail en télévision a beaucoup évolué car les chaînes prennent conscience de leur poids sur le marché face aux nouvelles plateformes. Elles ont un vrai désir de se lancer dans des séries de qualité, de dépasser certains tabous et le politiquement correct pour être en prise avec les sujets actuels et parler aux générations plus jeunes.

Quels sont vos projets ?
Un nouveau projet de théâtre avec le même metteur en scène que le lauréat. J’ai vécu en recluse depuis plusieurs années pour écrire un roman que j’aimerais réaliser et dont je voudrais incarner le personnage principal au cinéma. L’écriture a été une vraie révélation pour moi. L’acteur a un besoin d’amour et de reconnaissance insatiables alors que l’auteur exorcise les profondeurs de lui-même. Cela nécessite de s’assumer et de s’accepter, quel que soit le sentiment des autres. C’est un paradoxe absolu pour une actrice. Je pense que j’ai eu besoin de toutes ces années d’actorat pour y arriver. Mais j’ai adoré !

Propos recueillis par Aurélie Binoist, TF1

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Publié dans Séries
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