Nous sommes en septembre 1944. Une bonne partie de la France est libérée, mais à Villeneuve, les Allemands sont toujours là. Tandis que la Milice poursuit jusqu’au bout ses exactions terribles, les rangs des Résistants grossissent et le combat continue, même si « l’après » est présent à tous les esprits. Nos personnages vont donc vivre dans un premier temps l’impatience et le trépignement de ces dernières heures de l’Occupation, avant de basculer dans un nouveau monde : celui de la Libération, qui ne ressemble en rien à ce qu’ils avaient pu imaginer.
Car comme souvent, lorsqu’arrive enfin ce que l’on a espéré de toutes ses forces, le soulagement est de courte durée. Il faut aussitôt composer avec une nouvelle réalité qui, ici, prend des formes brutales. La fin de l’Occupation ouvre une période troublée, où il faut solder des comptes et reposer les bases, encore branlantes et incertaines, d’un ordre nouveau. Nos personnages vont se débattre dans les tourments de l’épuration parfois sauvage qui va secouer Villeneuve dans les jours qui suivent le départ des Allemands. Comme le dit Jean-Pierre Azéma, « la Libération, c’est enfin la guerre » - civile cette fois...
Il y a aussi dans cette nouvelle saison l’idée qu’à la Libération de la ville de la présence allemande en fait écho une autre, plus inconsciente celle-là : la libération des pulsions et des passions que l’Occupation a retenues ou générées pendant quatre ans - vengeance, culpabilité, sacrifice, humiliation, virilité exacerbée... La foule qui laisse éclater sa joie lors du bal de la Libération est bien aussi celle qui ensuite pourra lyncher un homme dans la plus grande barbarie, ou tondre en riant une femme accusée de collaboration horizontale.
La Libération, moment charnière, paroxystique, marque ainsi un véritable tournant pour nos personnages. Dans une sorte de carnaval qui mélange l’exaltation et l’effroi, la joie intense et la sauvagerie, le statut des uns et des autres va basculer brutalement en quelques heures : les garants de l’ordre (Jean, Servier, Loriot, Hortense, Heinrich) deviennent des parias pourchassés, tandis que les clandestins et les réfractaires (Antoine, Anselme, Suzanne, Edmond, Bériot) sont à présent les maîtres de la ville, et que les Juifs persécutés (Rita, Ezechiel) retrouvent un statut de citoyens.
Ceux dont les choix étaient moins clairs (Daniel, Lucienne, Raymond, Jeannine) devront lutter dans les méandres de l’air du temps pour s’en sortir.
