
Dès l’arrivée au CEF de Tonnoy, on est déjà dans l’ambiance : une engueulade entre les jeunes et l’équipe d’éducateurs. Ici vivent 26 adultes et 11 garçons âgés de 16 à 18 ans. C’est dire l’ambition de ce type de structures : proposer un encadrement fort et des limites à des gamins qui n’en ont guère connus jusque-là. Cela a un coût, à la fois humain (du côté des éducateurs, un engagement proche du militantisme) et financier : 600 euros par mineur et par jour, soit le double de la prison.
Mais la prison, c’est ce qu’il s’agit justement d’éviter encore à ces multirécidivistes aux parcours plutôt chaotiques. Familles explosées, violence, alcool, braquages… Après la majorité, il sera trop tard. Ici, c’est le lieu de la dernière chance pour envisager l’avenir autrement, on y met les moyens mais c’est à eux de la saisir. Apprentissage de la vie en société, levers, repas et couchers à heures fixes ; projet éducatif : agriculture, menuiserie, peinture, métallerie…, autant d’activités qui pourront guider les jeunes vers un métier. Et surtout une équipe éducative qui, entre patience et fermeté, n’épargne pas sa peine pour essayer d’enrayer la fatalité et de faire bifurquer les chemins trop bien tracés…