orange-amere01Mardi 8 février à 20:35, Carole Gaessler vous proposera de suivre sur France 5 une enquête au coeur de France Télécom en plein désarroi suite à des mutations menées sans ménagements par la direction. Le 28 septembre 2009, Jean-Paul Rouanet, employé depuis 30 ans à France Télécom, met fin à ses jours près de son lieu de travail, en Haute-Savoie. Il laisse une lettre accusant son entreprise : la « pression continuelle », la « difficulté d’adaptation » au poste de conseiller commercial où ce technicien venait d’être muté, et surtout « la peur de ne pas y arriver ».

Ce 28ème suicide en vingt mois, contraint alors la direction de France Télécom à annoncer une meilleure prise en compte de l’humain dans ses méthodes de management. Tel est le point de départ d’une investigation de plus d’un an voulant vérifier la réalité du changement annoncé, savoir si l’Orange qu’on nous promet sera « douce » ou « amère ». L’enquête, minutieuse, se fait au cœur de l’entreprise, depuis son siège - où le nouveau directeur, Stéphane Richard, dévoile ses intentions, mais aussi ses interrogations - jusqu’aux centres d’appel où les drames se sont noués.

C’est en particulier au 1016 du plateau des Glaisins, celui de Jean-Paul Rouanet, et au 1014 de L’Isle-d’Abeau que les employés révèlent les causes du malaise d’hier et les doutes d’aujourd’hui. Des téléconseillers et leurs managers font comprendre, avec simplicité et humanité, comment la réduction des effectifs programmée en 2006 par la direction de cette entreprise désormais privatisée a enclenché - par les mutations forcées, les changements contraints de métier, le harcèlement - une machine « à faire du moins » qui s’avérera cause de stress, de souffrances et de mort.

Au fil des mois d’enquête s’entendent l’espoir dans les annonces de Stéphane Richard, mais aussi la lenteur des changements, le désenchantement et le doute. On y comprend que, au-delà d’une convivialité nouvelle, décrétée d’en haut et accueillie avec une ironie amère en bas, se perpétue la logique de la productivité plaçant au centre du projet d’entreprise le dividende versé à l’actionnaire. Pour le constat final, qu’après plus d’un an de réformes promises, l’Orange reste bien amère.