L'histoire en quelques lignes...
Gabrielle, petite orpheline placée avec sa sœur Adrienne dans un rude pensionnat corrézien, n’aspire qu’à la liberté.
Bientôt, à Moulins, elle passe d'un atelier de confection qui l’exploite à un cabaret miteux où elle entonne sans conviction "Qui qu’a vu Coco ?" et y gagne son surnom. Étienne Balsan, riche éleveur de chevaux, s’éprend d’elle et l’accueille dans son château, avant qu’elle ne succombe au charme d’un gentleman anglais de ses amis, Arthur "Boy" Capel.
Avec eux, l’anticonformiste, qui fume et s’habille en homme, côtoie une société de la Belle Époque composée de cocottes, d'actrices et d'aristocrates, qu’elle ne va pas tarder à recoiffer et à rhabiller. L’aube d’une révolution qui va libérer le corps de la femme.
Genèse d’une œuvre
Comment se forge un destin ? Par quelles batailles et avec quelles mystérieuses ressources Coco Chanel s’est-elle imposée pour conquérir une indépendance que la société corsetée de la Belle Époque – ici merveilleusement reconstituée, des music-halls aux échappées à Deauville – refusait d’accorder aux femmes ?
Contournant subtilement les codes du biopic, Anne Fontaine met élégamment en scène l’émancipation farouche d’une âme solitaire à l’instinct de survie aussi puissant que le style, dont la sensibilité, éprouvée par les blessures d’enfance, trouvera sa pleine expression dans la création. C’est cette métamorphose vengeresse et l’affirmation d’une vocation qu’explore à juste distance la cinéaste, retraçant avec un soin raffiné les étapes de l’apprentissage de son métier par Chanel, les amours de la future impératrice de la mode jalonnant seulement le parcours de l’héroïne vers son sacre.
Aussi frêle que vigoureuse face à l’excellent Benoît Poelvoorde, Audrey Tautou incarne avec une grâce sobre l’ambivalente "Mademoiselle", figure libre et mélancolique préférant les vertiges de la gloire à l’illusion du bonheur.