L'histoire en quelques lignes...
Octobre 2015. La police française saisit plus de sept tonnes de drogue en plein cœur de Paris.
Le jour même, Hubert Antoine, infiltré auprès des trafiquants pour le compte de Jacques Billard, commissaire divisionnaire de l’Office central de répression du trafic, contacte Stéphane Vilner, un journaliste de Libération. Il lui raconte comment, au nom d’une nouvelle stratégie policière, l’État français, plutôt que d’intercepter les flux de stupéfiants aux frontières, participe au transit de la marchandise sur le territoire national afin de mieux la suivre. De prime abord méfiant à l’égard de ce personnage attachant mais trouble, Stéphane finit par se lier d’amitié avec lui, et s’engage dans l’enquête de sa vie.
De révélation en révélation, cette investigation finit par dévoiler ce qu’Hubert estime être un scandale d’État.
Vérités multiples
La fin justifie-t-elle les moyens ? Peut-on, au nom de la lutte contre le trafic de drogue, en organiser la logistique ? Est-il moral de dramatiser les enjeux d’une enquête pour gagner sa vie ?
Délaissant la Corse de ses deux premiers films (Les apaches, Une vie violente), Thierry de Peretti adapte l’histoire vraie de la rencontre entre Hubert Avoine et Emmanuel Fansten – respectivement devenus Hubert Antoine et Stéphane Vilner dans le film – qu’ils ont racontée dans un livre sorti en 2017, L’infiltré.
Plutôt que de se livrer à un classique film-dossier, le cinéaste choisit d’interroger les motivations de ses personnages : un chef des stups et sa doctrine contestable de lutte contre le trafic (Vincent Lindon), un journaliste d’investigation soucieux de vendre un sujet accrocheur (Pio Marmaï) et un infiltré, un brin mythomane (Roschdy Zem), déterminé à “faire péter la République”.
Il organise son film autour des discours des protagonistes, forcément sujets à caution, transformant le verbe en saisissant vecteur de dramaturgie. Par un usage inspiré du plan-séquence qui suscite un effet documentaire, l’enquête d’Hubert et Stéphane s’épaissit au fil d’un récit qui tend vers toujours plus de mystères et d’opacités.
Dans l’ambiance paranoïaque d’un Paris traumatisé par les attentats du 13 novembre, le cinéaste ajaccien plonge les spectateurs dans une incertitude permanente : qui croire ?