L'histoire en quelques lignes...
Maurice, un gériatre réputé, reçoit la visite de son frère, Jean-Luc, un homme qui a passé vingt ans en Afrique et qu'il croyait mort.
Le retour de Jean-Luc, un être libre et insaisissable, bouscule la vie bien ordonnée de Maurice, le forçant à remettre en question ses choix, ses certitudes et son passé. La relation complexe et tendue entre les deux frères se développe, révélant des secrets de famille et des non-dits qui ont pesé sur leurs vies respectives.
Le film explore les thèmes de l'identité, de la culpabilité et du rapport au père, à travers une confrontation à la fois douloureuse et libératrice.
Névroses glacées
Tout l’univers d’Anne Fontaine est concentré dans ce film, peut-être l’un de ses plus aboutis. La réalisatrice reprend le canevas familier de l’intrusion d’un élément perturbateur dans un milieu aux apparences paisibles, mais trompeuses, pour brosser le portrait glacé d’une bourgeoisie rongée par ses névroses.
Évoquant une lointaine version française du Théorème de Pasolini, le récit se pare d’une dimension psychanalytique clairement explicitée dans le titre. L’identité lisse et factice que Jean-Luc s’est construite à travers sa réussite professionnelle et sociale se trouve bousculée par la présence d’un père devenu, à tous points de vue, un étranger. Le classicisme du scénario et la belle sobriété de la mise en scène servent le déploiement d’une mécanique d’une implacable précision, qui fait progressivement affleurer les troubles et les ambiguïtés de chacun(e).
Baigné d’une lumière inquiétante, le film diffuse une atmosphère étrange, décrivant un monde mortifère et figé qui survivra pourtant à la venue du père. Michel Bouquet y excelle, comme d’habitude, apportant élégance et malice à ce vieil homme qui garde jusqu’au bout une part de mystère. Lui et Charles Berling, impeccable dans un rôle un peu plus conventionnel, composent un duo père-fils complexe, auprès duquel Natacha Régnier surprend en bourgeoise malheureuse.