A 23 Km au Nord de Paris, Roissy Charles de Gaulle, le premier aéroport de France, 7eme mondial par le nombre de passagers. Tous les ans, ses aérogares accueillent 61 millions de voyageurs, l'équivalent de la population française. Pour faire face à l'intensification du trafic, Roissy ne cesse de s'étendre et de se moderniser. Tout y est démesuré : 3537 ha, un tiers de la superficie de Paris, 9 terminaux, 3 tours de contrôle et 4 pistes permettent à plus de 500 000 avions de décoller et atterrir chaque année, à toute heure.
Dans les immenses terminaux coexiste toute une partie de la société française et de la communauté internationale... Mais Roissy n'est plus seulement un lieu que l'on traverse le plus rapidement possible... L'aéroport se construit un futur... Nouvelles salles d'embarquement, boutiques de luxe, restaurants gastronomiques, et autres services en tout genre et même un SPA ou un musée... C'est toute une ville qui se réinvente. Un monde à part avec ses propres règles, ses propres codes, où chaque minute a son importance... A la clé : d'énormes enjeux économiques et logistiques, écologiques et surtout sécuritaires, révélateurs d'une société en évolution... Chaque jour, 80 000 employés s'activent, 24h/24, entre terre et ciel... Tous partagent un seul et même objectif : faire atterrir et décoller à l'heure les appareils du monde entier... En moyenne, un avion toutes les 90''.
L'équipe de tournage a eu l'autorisation exceptionnelle de suivre pendant un an le quotidien de ces hommes et de ces femmes qui vivent et font vivre l'aéroport de demain. Ils sont contrôleur aérien, chef d'escale, pilote de long courrier ou agent de pistes, effaroucheur, gendarme du transport aérien, policiers en aubette et douanier spécialisé mais aussi cuisinier, vendeur de luxe, ou encore scénographe... Des professionnels, tous passionnés, en permanence au service des voyageurs.
A l'image de Philippe, le chef d'escale de la compagnie Singapore Airlines. Il a pour mission de coordonner toutes les opérations qui doivent être effectuées sur l'A380 de sa compagnie, le plus gros porteur du monde, durant les 5h d'escale à Roissy. « C'est toujours magique, 30 ans de compagnie, j'ai l'habitude de voir les avions mais celui là est majestueux, vous pouvez voir les dimensions, c'est fabuleux. Et puis y'a ce côté magique ; aujourd'hui, y'a un petit peu de brume, les lumières de pistes sont allumés, c'est une ambiance très particulière. On aime ou on n'aime pas, mais quand on aime, on est accroc. »
A 80m de hauteur, Aurore est aux premières loges pour admirer le ballet des avions. Aiguilleuse du ciel, elle doit maintenir la bonne distance entre les appareils pour éviter toutes collisions. « La particularité à Roissy est qu'on a 2 pistes, une pour le décollage, une pour l'atterrissage. Donc un danger supplémentaire c'est quand les arrivées doivent traverser la piste au départ : il faut arrêter les décollages. Physiquement on est très investi. Toutes les 2-3heures j'ai vraiment besoin d'une pause... »
Depuis 15 ans, Gérard, ancien chasseur, sillonne les abords des pistes à la recherche d'animaux nuisibles, potentiellement dangereux pour la navigation aérienne. Dans le jargon de l'aéroport, il est un effaroucheur. Son métier : éloigner les oiseaux des zones de décollage et d'atterrissage... « Là ici, ils mettent toute la puissance. Et ça peut aspirer les oiseaux. C'est une zone particulièrement dangereuse, le décollage particulièrement... Pour les effrayer avec le pistolet d'alarme, il faut à peu près laisser 1000m devant l'avion pour ne pas affoler le pilote. 300 tonnes le poids d'un avion, vous imaginez la puissance qui sort derrière les réacteurs. Si vous êtes à 100m derrière un avion, vous pouvez faire plusieurs tonneaux derrière l'avion donc prudence... »
Bérangère est vendeuse dans le plus grand magasin duty free de Roissy. « A la base je voulais être hôtesse de l'air, les choses ont fait que ça ne pouvait pas se faire et j'ai le foulard d'une autre société, du coup... » Depuis un an, Bérangère voyage par procuration au milieu des 14000 références de parfums, cosmétiques, nourriture et autres souvenirs en tout genre de la plus grande boutique de Roissy. Tout le parcours du voyageur a été pensé pour consommer. Avec pas moins d'un milliard de chiffre d'affaire, les boutiques de l'aéroport vendent chaque année autant qu'un grand magasin parisien...
L'efficacité de Nicolas repose sur sa discrétion. Il appartient à la BSERI de Roissy, une douane volante qui sillonne tout l'aéroport au contact des passagers à la recherche de trafics en tout genre. « Ce qui nous intéresse, c'est ce que les personnes transportent, de quel pays elles arrivent : si on a un faisceau d'indices, on va les contrôler. Objectif : discrétion, insertion dans le flux et contrôle. »
Au total, plus de 3000 policiers, gendarmes ou douaniers surveillent l'une des dernières plus grandes frontières de France. Il faut lutter contre l'immigration illégale et surtout prévenir d'éventuelle intrusion terroriste. Un travail de petite fourmi vue l'immensité de la zone à couvrir... Rien que dans les sous-sols de Roissy, 60km de galeries permettent de circuler d'un bout à bout de l'aéroport sans jamais voir le jour. Un véritable labyrinthe... « On sait où on est et après on essaie de se retrouver sur le plan. C'est tellement vaste les sous sols de l'aéroport qu'il faut se perdre pour pouvoir se repérer par la suite. »
