« Nous, les enfants de Denain » document “Infrarouge” mercredi 19 octobre 2022 sur France 2

Mis en ligne par Jean-Marc VERDREL lundi 17 octobre 2022 1673
« Nous, les enfants de Denain » document “Infrarouge” mercredi 19 octobre 2022 sur France 2

Il y a 40 ans fermait le site Usinor. Depuis Denain est la ville la plus pauvre de France. Rencontre avec "ses enfants" dans ce documentaire inédit diffusé mercredi 19 octobre 2022 à 23:00 dans “Infrarouge” sur France 2.

Denain, petite commune du Nord de 20 000 habitants, ne s’est jamais relevée de la fermeture de son immense site sidérurgique Usinor il y a 40 ans.

C’est aujourd’hui l’une des villes les plus pauvres de France. Elle est emblématique de la France des invisibles, de ceux dont on n’entend quasiment jamais la voix à la télévision.

Ce documentaire suit Allan et Chloé, deux enfants de Denain aujourd’hui jeunes adultes, dans leur intimité familiale.

Au travers de leurs vies, de leurs proches, du décor qui les entoure, le film interroge leurs aspirations à rester ou non sur cette terre qu’ils aiment et rejettent tout à la fois, pour se construire leur propre avenir.

Notes d'intention de Laurence Delleur et Vincent Jarousseau

« Une idée en sommeil » (Laurence Delleur)

“Denain, ville la plus pauvre de France”. Ces mots étaient inscrits depuis plusieurs années dans mon carnet de notes de réalisatrice freelance. Un pense-bête dans l’idée de proposer un jour un film sur cette ville du Nord, région à laquelle je suis particulièrement attachée depuis mes années d’étude à l’ESJ à Lille et que j’ai parcourue à mes débuts lors de mes reportages pour France 3 Nord-Pas-de-Calais.

Quelques mots et un questionnement : à quoi peut bien ressembler le quotidien des habitants d’une ville dépeuplée au fil du temps ? Comment envisager un futur là où les usines ont fermé, là où le chômage se transmet en héritage de génération en génération, là où le politique est impuissant à construire un avenir ? A quoi ces gens peuvent-ils aspirer ?

L’an passé, je découvre le roman-photo Les Racines de la Colère, consacré à “La France qui n’est pas en marche” à Denain. Ce travail souligne l’attachement et la dépendance à cette ville, à ce territoire au-delà de simples critères économiques. Il met en exergue la cellule familiale, souvent dévalorisée, perçue pourtant comme protectrice dans ces milieux populaires. Il expose des gens vrais, naturels, sincères. Cette documentation sociale, au plus près du réel tout en donnant de la dignité à ces gens, me séduit.

« Un prolongement pertinent du roman-photo » (Vincent Jarousseau)

Dans cette galerie de personnages de mon roman-photo Les Racines de la Colère, j’ai voulu documenter, à “hauteur d’homme” le quotidien de plusieurs familles, jeunes ou moins jeunes, hommes ou femmes. J’ai voulu montrer sans démontrer. De cette plongée dans la France des classes populaires, j’ai extrait des tranches de vie à la fois émouvantes et tristes, rendant hommage aux “invisibles” au même moment où le mouvement des Gilets jaunes faisait la Une des médias et sonnait comme un électrochoc.

Mon travail photographique utilise une forme narrative singulière. Dans mon livre, je détourne les codes graphiques du roman-photo pour développer un récit documentaire. Les dialogues dans les bulles sont des retranscriptions d’enregistrement que j’ai fait relire et valider aux protagonistes. Il n’y a pas de travail de mise en scène, les photos sont prises sur le vif. Au-delà du souci de transcription du réel, je cherche à proposer au lecteur une forme d’expérience immersive. Le réel devient sensible au point d’offrir un souffle romanesque au récit.

Poursuivre cela sous la forme d’un film documentaire m’apparaissait comme un prolongement intéressant de mon travail. C’est un moyen d’offrir à ces invisibles un écho supplémentaire, une plus grande visibilité et de mieux les entendre encore.

La parole des classes populaires mise en avant

Le point commun entre le livre et le film est aussi de vouloir restituer la parole sans la commenter. Ce documentaire vise à adopter le point de vue de celles et ceux qui vivent de l’intérieur ce monde quasi invisible. Pierre Bourdieu affirmait dans La paysannerie. Une classe objet : “les classes dominées ne parlent pas, elles sont parlées”. Ces jeunes, ces personnes de milieu populaire à la rencontre desquels nous allons sont la plupart du temps “parlés” bien plus qu’ils ne s’expriment eux-mêmes. Dans notre film, ils parleront à voix haute.

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Publié dans Documentaires
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