Gareth Jones, un jeune journaliste gallois, pénètre clandestinement en Ukraine en mars 1933. La région connaît alors une famine totalement inédite aussi bien par son ampleur que par ses causes. Cette famine tenue secrète et décidée par Staline est politique. À son retour, le journaliste alerte le monde mais les mensonges et les manipulations soviétiques triomphent.
C'est l'histoire du pouvoir de l'enquête et de la parole contre l'appareil d'État. C'est l'histoire d'un crime et d'un mensonge de masse.
Présentation du film
Mars 1933. Après un long voyage à travers l'Europe, Gareth Jones descend clandestinement d'un wagon de troisième classe dans le « no man's land ukrainien ». C'est une « zone interdite » : plus aucun journaliste étranger n'a le droit de s'y rendre. Il attache son sac à dos. Une étendue blanche déserte s'étend devant lui. Il marche le long de la voie ferrée pour ne pas se perdre.
Jones arrive dans un premier village. Pas un bruit. Une tranquillité surnaturelle. Il croise un paysan : « Il n'y a plus de pain. Tout le monde est gonflé. Nous n'avons plus rien à manger. »
Dans tous les villages qu'il traverse durant ces trois jours, Gareth Jones pose la même question : « Pourquoi la famine ? » Invariablement, les paysans répondent : « C'est la faute des communistes. Ils nous ont tout pris. »
Cette famine n'est précédée d'aucun cataclysme météorologique, d'aucune guerre. C'est la conséquence d'une politique d'une extrême violence : la collectivisation forcée des campagnes. Pour Staline, il s'agit de contrôler politiquement la paysannerie rebelle et de prélever des quantités toujours plus importantes de céréales pour financer l'industrialisation du pays.
À partir de l'automne 1932, la famine est intentionnellement aggravée par Staline. Il souhaite briser par l'arme et la faim la résistance des paysans ukrainiens à la collectivisation et éradiquer leur « nationalisme », qui, selon lui, menace l'intégrité de l'URSS.
Lorsque Gareth Jones foule le sol ukrainien, ce sont plus de 15 000 personnes qui meurent quotidiennement dans l'abandon et le silence le plus total.
Ce documentaire a remporté le Grand Prix Documentaire national au FIPADOC 2023 et le Prix Bernard Landier du jury lycéen au festival du film d'histoire de Pessac en novembre 2022.