"Tant qu'ils ne retrouvent pas le corps" : l'affaire Le Roux-Agnelet sur ARTE mardi 26 septembre 2023

Mis en ligne par Jean-Marc VERDREL dimanche 24 septembre 2023 1104
"Tant qu'ils ne retrouvent pas le corps" : l'affaire Le Roux-Agnelet sur ARTE mardi 26 septembre 2023

En trois actes poignants, aussi rigoureux qu'un grand procès d'assises, Rémi Lainé et Pascale Robert-Diard livrent la vérité humaine de l'affaire Le Roux-Agnelet, au fil d'un vertigineux feuilleton judiciaire de près de quarante ans. À voir sur ARTE mardi 26 septembre 2023 à partir de 20:55.

En janvier 2021, libéré depuis peu pour raisons de santé et accueilli en Nouvelle-Calédonie par son plus jeune fils, Thomas, Maurice Agnelet est mort sans rien révéler du sort d'Agnès Le Roux, ni avouer sa culpabilité. Le bouleversant épilogue de cette affaire hors norme n'a donc dissipé qu'en partie les ravages causés de part et d'autre par le secret.

Mais le réalisateur Rémi Lainé et la journaliste Pascale Robert-Diard, qui lui a consacré le livre La déposition, paru en 2016, restituent la poignante vérité humaine de ce vertigineux feuilleton judiciaire.

Aux côtés de Patricia et Jean-Charles Le Roux, frère et sœur d'Agnès, et de Guillaume et Thomas Agnelet, tous quatre impressionnants de retenue face à la caméra, les protagonistes des procès – juges et avocats, dont Hervé Temime, disparu le 10 avril dernier – témoignent avec le même engagement.

Nourri d'archives inédites transmises par les deux familles, ce récit documentaire fluide et captivant possède la force dramatique, mais aussi la rigueur, d'un grand procès.

20:55 Acte 1 Agnès ne répond plus

En cette année 1977, sur la promenade des Anglais, une guerre oppose deux casinos : le vénérable palais de la Méditerranée, qui a fait les riches heures de la Riviera, et dont Renée Le Roux a hérité à la mort de son mari, et le Ruhl, nouvel établissement tapageur géré par un clan sulfureux, lié à la Mafia italienne et au maire de Nice, Jacques Médecin, cherchant à s’assurer le monopole local du jeu. Avocat à la personnalité trouble, Maurice Agnelet convainc sa maîtresse Agnès, 29 ans, la troisième des quatre enfants Le Roux, de vendre pour 3 millions de francs ses parts aux propriétaires du Ruhl, scellant ainsi la défaite de sa mère.

Quatre mois plus tard, le 27 octobre, la jeune femme disparaît sans laisser de traces. On ne retrouvera jamais son corps. Les soupçons s’accumulent sur Maurice Agnelet, qui a transféré depuis leur compte joint sur son compte personnel les millions reçus par Agnès. Mais en 1985, ce père de trois garçons bénéficie d'un non-lieu pour le meurtre supposé de la jeune femme, grâce à un alibi fourni par une autre de ses maîtresses, Françoise Lausseure, que ni la police, ni la justice ne prennent la peine de vérifier. Au Québec, où il part vivre un temps, il confie à son fils Guillaume, alors âgé de 15 ans, un lourd secret.

21:50 Acte 2 Père et fils

Condamné toutefois pour malversations financières liées à l’affaire du palais de la Méditerranée, Agnelet, radié du barreau, purge en France deux années de prison. Dès sa sortie, il est rattrapé par l’obstination de Renée Le Roux, qui consacre toute son existence et ce qui reste de sa fortune à chercher sans relâche ce qu'il est advenu de sa fille. Un détective privé à son service découvre que l’alibi fourni par Maurice Agnelet était un faux, ce qui relance la procédure. Poursuivi pour assassinat par un magistrat pugnace, en 2006, le prévenu prépare son procès d'assises avec son fils Guillaume, qui l'héberge et lui fait répéter son rôle d’accusé devant une caméra, à domicile.

Si, au fil des semaines, le huis clos entre eux tourne au cauchemar, Maurice Agnelet sera acquitté à l’issue d’un procès-fleuve, en dépit d’une accusation très étayée. Le procureur fait aussitôt appel et, un an plus tard, il est cette fois déclaré coupable de l’assassinat d’Agnès Le Roux et condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Saisie par son avocat, la Cour européenne des droits de l’homme casse alors le verdict pour des irrégularités de forme. Alors que la rupture est consommée entre Guillaume et son père, un troisième procès s’annonce.

22:45 Acte 3 La déposition

En mars 2014, trente-sept ans après la disparition d'Agnès Le Roux, un vieil homme diminué se présente, libre, aux assises de Rennes, soutenu par son plus jeune fils, Thomas. Maurice Agnelet, 76 ans, persiste à se dire innocent. Depuis sa maison, à Chambéry, Guillaume, qui en a 45, suit les débats en temps réel sur les réseaux sociaux. Lorsque sa mère vient à la barre exonérer son père de toute implication dans le meurtre, un barrage cède. Alors que le procès touche à sa fin, un dimanche, il demande à être entendu par la justice. D'abord à Chambéry, puis aux assises de Rennes, il dépose le poids qu'il porte depuis trente ans : devant lui, son père s'est dit par deux fois impliqué dans le meurtre d’Agnès Le Roux. "Tant qu'ils ne retrouvent pas le corps, ils ne peuvent rien. Mais moi, le corps, je sais où il est"… Quelque temps après, c'est sa mère qui évoque devant lui la culpabilité de son ex-mari. Le choc de cette déposition saisit toute la salle.

Un vertige, une sidération, que le récit choral de ceux qui y ont assisté fait revivre dans ce troisième et ultime épisode, tandis que Guillaume retrace le long chemin qui l’a conduit à révéler ce qu’il sait. "Le secret tue parfois plus que la vérité." Une démarche qui le libère d’un fardeau mais lui aliène, peut-être à jamais, les siens.

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Publié dans Documentaires, Mardi
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