Depuis l'invasion de l'Ukraine, la chasse à l'ennemi intérieur s'est intensifiée en Russie. Alors que les pratiques de délation sont largement encouragées par le Kremlin, la répression contre les médias indépendants et leurs journalistes ne cesse de se durcir.
Fondé en 1993, le journal Novaïa Gazeta s'est taillé une solide notoriété pour ses enquêtes fouillées sur la corruption des élites russes, les mercenaires de Wagner ou la brutalité de la guerre en Tchétchénie. Six de ses collaborateurs en ont déjà payé le prix fort, assassinés au nom de leur engagement.
Alors que de nombreux journalistes fuient le pays, Dimitri Mouratov, cofondateur et rédacteur en chef du journal, persiste à se battre pour informer librement malgré la répression judiciaire et la censure d'État.
Résistance
Après avoir consacré un documentaire au parcours et à l'accession au pouvoir de Vladimir Poutine en 2018, le réalisateur britannique Patrick Forbes a suivi pendant plusieurs mois Dimitri Mouratov, rédacteur en chef de l'un des derniers médias indépendants en Russie. Lauréat du prix Nobel de la paix en 2021 pour ses efforts visant à défendre la liberté d'expression, le pilier du journalisme d'investigation a vendu aux enchères sa médaille au profit des enfants ukrainiens déplacés.
Portrait d'un homme engagé dans la survie de l'un des derniers bastions de la résistance anti-Poutine.