Après la défaite de 1940, et face à l’effondrement surprise de la puissance française, tous les regards se tournent vers un horizon d’espoir et d’incertitude : les colonies.
La France est soudain devenue un empire sans métropole, rognée aux deux tiers. Pétain voit dans les colonies un « mythe consolateur » après la défaite, alors que de Gaulle les considère comme des lieux stratégiques essentiels pour la résistance. Tous deux s’affrontent à travers une guerre de propagande.
Espoir pour les fascistes autant que pour leurs victimes et opposants, les colonies françaises représentent un enjeu insoupçonné. Mais elles vont surtout être le théâtre d’une prise de conscience de la réalité du vichysme.
Note d'intention des auteurs
Alors que certains tentent de réhabiliter le maréchal Pétain, faire un film qui parle du régime de Vichy aux colonies, c’est aussi montrer comment, à des milliers de kilomètres de toute influence allemande, la révolution nationale s’est imposée avec son cortège de lois iniques et discriminatoires. Sans que le Reich y ait même songé, Pétain demande à tous ses administrateurs de suivre les directives de la métropole : déchéance de nationalité, interdiction de travailler, internement, les juifs et tous les « indésirables » ont été victimes des mêmes décrets. Aucun double jeu n’est perceptible dans les territoires ultramarins. Bien au contraire, la révolution nationale y est érigée dans toute sa pureté. Elle se coule de façon naturelle dans un monde où règne déjà la hiérarchie raciale et la violence arbitraire.
Le film permet donc de montrer simplement en quoi le régime vichyste, loin d’être un mouvement de réaction ou de préservation nationale, défend une idéologie et un projet de société à part entière. Aux quatre coins de l’empire, Pétain souhaite démanteler la République et assurer la pérennité de sa « vision ». C’est donc loin des métropoles européennes que nous découvrons le vrai visage du vichysme, porté par des colons exaltés par l’arrêt soudain des projets assimilationnistes républicains.