FLNC, ASALA, GAL, CRAV, GIA, Loups noirs d’Alsace. Autant d’acronymes synonymes d’attentats qui nous renvoient à une époque, qui n’en reste pas moins vif dans les mémoires. Autant de prises d’otages et de crimes, qui ont profondément marqué les esprits. Mais aussi les territoires.
De 1975 à 1995, ces groupes radicaux ont multiplié les actions militantes : attentats à la bombe, attaques à main armée, incendies.
Comment expliquer que ces jeunes femmes et hommes aient franchi le pas ? Qu’est-ce qui pousse des individus, à priori sans histoire, à prendre tous les risques pour défendre leurs idéaux ? Quitte à y perdre la liberté... voire la vie.
Cette série documentaire inédite en 6 volets sera diffusée sur deux soirées.
Mercredi 2 avril 2025
22:40 Volet 1 • GAL, au nom de la raison d’Etat
Le 25 septembre 1985, deux hommes font irruption dans un bar du Petit Bayonne et tirent sans trembler en direction d’une table de quatre hommes.
Etxaniz, Asteasuinzarra, Irazustabarrena et Etxaide sont quatre militants de l’organisation séparatiste basque ETA, réfugiés politiques au Pays basque français.
Ils avaient entre 28 et 35 ans et ce soir-là, ils sont tombés sous les balles du GAL (Groupes Anti-terroristes de Libération).
Comme tous les réfugiés en terre basque française, ils se savaient en danger. La rumeur court que des “gendarmes” espagnols passent la frontière clandestinement pour débusquer les réfugiés basques pour le compte d’un gouvernement post-franquiste encore hantés par ses vieux démons.
Entre 1983 et 1987, 27 personnes sont assassinées par le GAL sur le sol français, dans un climat de terreur inédit. Sept d’entre eux n’ont rien à voir avec la mouvance nationaliste. Une “sale guerre” qui prend en otage toute la région, où les mercenaires n’hésitent plus à agir en plein jour. Mais où la justice française se fait étrangement silencieuse.
Christophe Seys, juge d’instruction à Bayonne à cette période, se heurte à une certaine réticence du parquet à traiter du “dossier basque”. La consigne vient de plus haut.
40 ans après, les victimes du GAL et leurs familles attendent toujours des réponses.
Un documentaire comme une enquête historique réunissant ministres, victimes, policiers, témoins, juges français et espagnols sur un silence d’État.
23:35 Volet 2 • Terrorisme arménien : des procès pour l’histoire
Depuis 1975, le terrorisme arménien frappe les intérêts et les diplomates turcs dans le monde, mais reste insaisissable. En février 1980, l’opinion publique française peut enfin lui donner un visage : celui de Max Hraïr Kilndjian. Moustache, lunettes fumées, air paisible, ce buraliste marseillais de 38 ans est arrêté pour sa participation à un attentat - raté - contre l’ambassadeur de Turquie en Suisse.
Fils de rescapés du génocide de 1915, Kilndjian symbolise parfaitement une génération d’Arméniens d’origine qui ne supporte plus le négationnisme turc et voit dans l’action armée la seule issue.
Son arrestation déclenche une formidable mobilisation dans la diaspora, aux cris de « Libérez Kilndjian ! ». Et son procès en janvier 1982 se transforme en une tribune politique où la Turquie est, pour la première fois, publiquement mise en accusation.
Parallèlement, l’ASALA, armée secrète arménienne de libération de l’Arménie, multiplie les attentats. Quelques mois après l’élection de François Mitterrand, premier président arménophile, à l’Élysée, la cour d’assises des Bouches-du-Rhône libère Hraïr Kilndjian, validant ainsi la justesse de ses revendications. Un verdict qui marque une première étape vers une reconnaissance du génocide, mais ne signe pas la fin d’un terrorisme arménien dont les dérives culminent avec l’attentat d’Orly qui fait huit morts en 1983 et brouille définitivement son image.
A l’occasion du 110ème anniversaire du génocide arménien, cet épisode inédit et oublié revient sur une tentation terroriste des enfants et petits-enfants des victimes pour la reconnaissance du génocide.
00:25 Volet 3 • Bastelica Fesch, l'étincelle corse
En 1976, naît le Front de Libération National Corse. Sous sa bannière, des militants choisissent de prendre les armes pour espérer faire entendre les revendications sociales et identitaires du peuple corse.
Le début d’une escalade de la violence, jusqu’au point de rupture : le 6 janvier 1980, le militant nationaliste, Marcel Lorenzoni, est visé par un commando barbouze affilié au Service d’Action Civique connu pour ses liens rapprochés avec le ministère de l’Intérieur.
La poudrière explose et se propage jusqu’à Ajaccio, dans les chambres de l’hôtel Fesch, où se retranchent les militants nationalistes avec des otages.
L’armée est appelée en renfort, deux civils sont tués dans la panique ambiante et un policier est abattu. Six jours de chaos qui plongent la Corse dans un état de stupeur.
Une semaine de siège, au terme de laquelle les militants nationalistes sortent de l’hôtel Fesch, fusil à l’épaule et drapeaux corses flottant dans la nuit. Le message est clair : la lutte n’est pas finie. Elle continuera d’endeuiller la Corse pendant plus de 20 ans encore.
Mais les jeux troubles de l’exécutif, le non-lieu prononcé à l’encontre des membres du commando barbouze, puis la grâce présidentielle accordée aux militants autonomistes par François Mitterrand en 1981, auraient-ils jeté une chape de plomb sur l’affaire Bastelica-Fesch ?
Et si après toutes ces années, la cicatrice restait grande ouverte ?
A travers cette affaire se raconte l’histoire d’une île, abri d’un peuple et de sa culture, refuge d’une jeunesse tentée par les armes dans sa quête d’un futur meilleur pour les siens.
Les 3 derniers volets seront diffusés jeudi 2 avril 2025 à partir de 22:40 sur France 3.