L'histoire en quelques lignes...
À la fin des années 1990, Arndt Wolf, expert en armes biologiques, est envoyé en mission pour trois ans en Irak pour le compte des Nations unies, dans le but de récolter des preuves du développement supposé d'armes bactériologiques par le régime de Saddam Hussein. En l'absence d'éléments probants, la mission est interrompue.
Deux ans après son retour à Berlin, le chercheur est contacté par les services de renseignements de la RFA : un ingénieur chimiste irakien, réfugié en Allemagne, affirme détenir des informations cruciales sur des laboratoires secrets où il aurait oeuvré à la production d'anthrax. Arndt prend alors le dossier à bras le corps et mène les entretiens avec l'informateur, Rafid Alwan, qui n'accepte de livrer ce qu'il sait qu'en échange d'un logement et d'un passeport allemand. Mais l'homme attire rapidement l'attention de la CIA, qui, après le 11-Septembre, fait feu de tout bois pour justifier une invasion américaine de l'Irak...
Emballement cynique
Si l'on connaît désormais l'étendue du mensonge des États-Unis sous la présidence de George W. Bush au sujet des "armes de destruction massive" prétendument détenues par l'Irak, on sait moins le rôle joué par l'Allemagne dans ce lamentable fiasco.
Johannes Naber (Le temps des cannibales, Coeur de pierre) retrace sur un mode résolument satirique l'affaire "Curveball" (l'alias donné par la CIA à Rafid Alwan), fruit d'un emballement cynique où s'entremêlent l'opportunisme d'un demandeur d'asile affabulateur, l'arrivisme de fonctionnaires prêts à dissimuler leur bévue pour sauver la face, et les tractations de services secrets aux ambitions contraires. Englué dans cette affaire qui le dépasse, un chercheur aveuglé par sa propre intégrité deviendra finalement le dindon de la farce...
De ce thriller géopolitique aux airs de comédie grinçante émerge la triste évidence d'une vérité mouvante, simple variable d'ajustement pour une administration américaine déterminée à légitimer par tous les moyens ses menées guerrières. Ainsi que l'annonce avec aplomb le personnage de Leslie, redoutable agent de la CIA : "Les faits, nous les fabriquons."
