L'histoire en quelques lignes...
Ari, 26 ans, réussit contre toute attente son concours de professeur des écoles.
Neuf mois plus tard, fragilisé par des débuts difficiles dans une maternelle lilloise, il craque en pleine classe et se retrouve à l’hôpital. Son père, que ce énième échec rend furieux, le chasse du domicile familial.
Fébrile et ébranlé, traversé de visions étranges, Ari erre dans la ville et se lance malgré lui dans une suite de retrouvailles…
Homme au bord de la crise de nerfs
On est souvent mis à la porte chez Léonor Serraille. Par un amant lassé dans Jeune femme, par une mère dépassée dans Un petit frère, ou ici par un père excédé. Des expulsions subies ou provoquées, qui laissent les personnages hagards sur le palier, tétanisés face au grand vide de nos existences contemporaines, avant leur premier pas vers l’extérieur et la redécouverte d’eux-mêmes au gré de longues marches hallucinées.
Après deux films conjugués au féminin, la réalisatrice revient avec le portrait d’un jeune homme en suivant le cheminement erratique d’Ari, auquel Andranic Manet (vu dans la série Le monde de demain), impressionnant d’intensité contenue, prête son grand corps longiligne et noueux, au croisement d’un écorché de la Renaissance et du Grand Duduche de Cabu.
De ruptures en retrouvailles, de confrontations en réconciliations, ce nouvel intranquille porte sur ses frêles épaules l’obsession sans cesse renouvelée de la cinéaste, à savoir observer le combat inégal, mais pas perdu d’avance, entre les rêveurs et une société pétrie de normes et d'injonctions. Avec ses grands yeux posés sur le monde et ses jambes de géant l’empêchant de voler, le comédien fait cheminer ce motif avec grâce vers une douceur nouvelle, un apaisement possible.
Sélectionnée à la Berlinale 2025, une fiction sensible et lumineuse qui, comme À l’abordage de Guillaume Brac et Sages-femmes de Léa Fehner, s’appuie sur le talent d’une promotion d’élèves du Conservatoire national supérieur d’art dramatique.