Aux Rousses, dans le Jura, Alexandre est le gérant d’un hôtel-restaurant unique au monde. Il est coupé en deux par la frontière franco-suisse ! Dans certaines chambres, les clients dorment la tête en Suisse et les pieds en France, avec vue imprenable sur le poste de douane. Tandis qu’au restaurant, les convives peuvent choisir le pays dans lequel ils veulent déguster leur repas et ont le choix entre des plats français ou suisses. Dans ce drôle d’établissement, Alexandre passe plusieurs fois par jour d’un pays à l’autre, et il aime ça : « moi, je me sens bien à cheval sur la frontière. Je me sens une jambe en France, une jambe en Suisse ! ». Mais le gérant a un problème : son restaurant est trop peu connu côté suisse. Alors pour attirer cette clientèle au fort pouvoir d’achat, il va profiter du jour de la fête nationale suisse, le 1er août, pour organiser un menu spécial. Les Suisses sauront-ils apprécier cette main tendue ?
A Montroc, au pied du Mont-Blanc, Michèle élève des vaches d’Hérens : une race typiquement alpine, présente uniquement sur ces territoires transfrontaliers. Dès qu’elles sont lâchées dans les pâturages, ces vaches de 600 kilos en moyenne, s’affrontent pour la domination du troupeau : « ce sont des vaches qui sont plus combatives que les autres, c’est sûr, mais dans toutes les races il y a une dominante. Elle est plus marquée dans cette race-là. C’est dans leurs gênes », explique Michèle. Dans quelques mois, l’éleveuse emmènera ses deux vaches les plus combatives au « match des reines », une compétition traditionnelle qui oppose une fois par an la France, la Suisse et l’Italie devant plusieurs milliers de spectateurs. Et elle espère bien faire gagner la France !
En Savoie, Thierry, un passionné de patrimoine, consacre sa vie à la restauration d’une ancienne frontière de pierre : les forts de l’Esseillon. Ce chef d’œuvre de l’architecture militaire a été construit au XIXe siècle par les Italiens : « A l’époque de la construction des forts, la Savoie n’était pas française. Les forts ont donc été construits contre une possible invasion française…qui n’a d’ailleurs jamais eu lieu ! », souligne Thierry. Il organise chaque été des chantiers de bénévoles pour restaurer les forts. Une course contre la montre, car il n’a que deux mois pour réaliser ses travaux avec des jeunes qui n’ont aucune expérience dans le bâtiment. Il doit donc tout leur apprendre.
Enfin, dans les Hautes Alpes, Didier, un policier, vient de prendre ses fonctions sur un poste frontière sensible : le Col du Montgenèvre, à 1 850 mètres d’altitude, situé entre la France et l’Italie. Depuis quelques mois, ce col est devenu un point de passage important pour les migrants en provenance d’Italie. Arrivé de Bretagne il y a six mois, Didier vit donc un changement radical : « Venir à la montagne c’était un rêve, depuis longtemps ». Le policier va devoir s’adapter au froid, aux patrouilles dans la neige et faire face à l’afflux de migrants venus en majorité d’Afrique qui tentent par tous les moyens de franchir la frontière dans l’espoir d’une vie meilleure : « Je dois faire mon métier comme le prévoit la loi et laisser mon cœur de côté, même si c’est difficile parfois...» reconnait-il.