A Boulaur, dans le Gers, Soeur Anne est la « community manager » de son abbaye. Entre deux prières, elle fait la promotion des produits du monastère sur les réseaux sociaux. « Si la modernité nous apporte des choses bonnes et positives, pourquoi ne pas les accueillir ? », raconte cette cistercienne de 43 ans. Cette année, sa communauté accueille 7 novices : autant de bouches supplémentaires à nourrir ! Alors, Soeur Anne s’est lancée dans un projet hors normes : bâtir une exploitation agricole ultra moderne qui va lui permettre de multiplier par quatre la production de fromages, de pâtés et de confitures de cornouille de l’abbaye. Mais pour financer les travaux, elle doit trouver 5 millions d'euros ! « On n’a rien sans rien, il va falloir se retrousser les manches ! ».
Fidemaria vient d’entrer dans le monastère des Petites Sœurs de Bethléem, l’un des plus fermés de France, au cœur des Alpes. A 34 ans, cette ancienne infirmière a fait un choix radical : se retirer du monde pour vivre en ermite, dans un petit chalet face au Mont-Blanc. « Je passe d’un monde où tout va très vite, avec beaucoup de bruit, à un silence intense qu’il m’a fallu apprivoiser ». Seul lieu où la novice peut parler : l’atelier de poterie, où les soeurs fabriquent de la vaisselle en grès. Débutante, Fidemaria a tout à apprendre de cet artisanat qui se vend au compte-goutte dans la petite boutique du monastère. Pour augmenter ses revenus, sa communauté s’apprête à vivre une révolution, en créant son premier site de vente en ligne.
Dans l’Aude, à Fanjeaux, Soeur Marie, veut ouvrir, dans une bâtisse à l’abandon, une hôtellerie flambant neuve pour y accueillir pèlerins et touristes. Coût du projet : 2 millions d’euros ! Mais sa communauté n’a plus un sou en poche « Comment gagner de l’argent ? Je ne sais pas comment on va faire ! » s’inquiète la dominicaine. Mais Soeur Marie, qui a fait une école de commerce avant de prendre l’habit, ne se laisse pas abattre. Elle a bien l’intention de monter à Paris, pour demander l’aumône aux grandes entreprises.
Soeur Gabrielle, bénédictine à l’abbaye de Chantelle, en Auvergne, doit booster les ventes des produits qui ont fait la spécificité du couvent depuis 70 ans, a priori bien éloignés des préoccupations spirituelles des sœurs : les cosmétiques ! « La fabrication de produits de soins n’est pas contradictoire avec la vie monastique. S’occuper de ce don qu’est notre corps, c’est ce que le Seigneur nous demande ! » La religieuse mise sur une nouvelle crème anti-âge au chèvrefeuille pour rajeunir sa clientèle, et part à la conquête du temple du commerce monastique, le Mont St Michel.