Les plaintes ont explosé en 2020 de plus de 20 %. Comment la justice fait-elle face aux violences conjugales ? Comment protège-t-elle les victimes ? Mais aussi comment empêcher la récidive ?
Pendant plusieurs mois, les équipes de “Reportages découverte” ont suivi le travail des enquêteurs et des magistrats du tribunal judiciaire de Blois. Dépôt de plainte, auditions de victimes, gardes à vue, audiences devant le tribunal correctionnel... “Reportages découverte” a pu ilmer le parcours de ces femmes victimes et le sort que réserve la justice aux hommes violents.
En plein confinement, Sandrine, 40 ans, pousse la porte de la gendarmerie après avoir eu la peur de sa vie. Pendant quatre ans, elle a vécu sous l'emprise d'un conjoint violent et tyrannique. « J’avais certaines choses que je n'avais pas le droit d'acheter. Donc, les robes, si elles étaient trop courtes, il ne voulait pas ». Grâce à sa plainte, son époux a été condamné rapidement et la justice a pu la mettre hors de danger.
Mais parfois, les enquêteurs et les juges se retrouvent face à des victimes moins loquaces. Le réveillon de la Saint-Sylvestre de Coralie a dégénéré. Son compagnon l'a frappée après avoir chassé les invités. Ce sont eux qui ont appelé la police. Pourtant, elle ne veut pas porter plainte. « Je n’excuse pas le fait qu'il m'ait tapée. C'est la seule fois. Il a droit à sa chance, comme tout le monde ». Qu'importe son pardon, la machine judiciaire est en marche.
Donner une nouvelle chance. C'est une partie du travail de la juge d'application des peines qui suit les hommes violents après leur condamnation. Elle a convoqué Alain, 35 ans, condamné à deux reprises à de la prison pour violences sur sa compagne. La juge va-t-elle révoquer son sursis ? « Avec ma copine, on a beaucoup parlé, c'est vrai que ça va mieux. Personnellement, je n’ai pas envie de retourner en prison. J'ai bien compris mes erreurs », affirme-t-il. Retournera-t-il en prison à l'issue de cette audience ?
Souvent, les violences conjugales interviennent alors que le couple est séparé. Sonia est tombée dans un guet-apens. Elle pensait récupérer l'argent que lui devait son ex-compagnon. Ce fut une scène de violence sous les yeux de sa fille de deux ans. Après avoir quitté Blois, elle y revient pour une confrontation au commissariat avec son agresseur. « Il ne faut pas avoir peur des représailles. Je pense surtout qu'il faut porter plainte. Personne ne mérite de se faire frapper ». L'ancien compagnon nie les violences. Mais les enquêteurs disposent d'un élément capital.